Les forces étrangères déployées au Sahel pourraient avoir des «intentions malhonnêtes»

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La situation sécuritaire au Sahel est prise très au sérieux par les autorités russes qui soupçonnent les forces étrangères déployées dans la région d’avoir des «intentions malhonnêtes», a déclaré Igor Beliaev, ambassadeur de Russie en Algérie.

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La Russie est préoccupée par la situation sécuritaire dans le Sahel, qui visiblement «ne s'améliore pas», et se pose des questions sur «le sérieux des forces étrangères», déployées dans la région, pour la lutte contre le terrorisme, a déclaré l'ambassadeur de Russie à Alger, Igor Beliaev, dans un entretien accordé au quotidien El Khabar, publié ce mercredi. Le diplomate a aussi exprimé la position de son pays sur la résolution du conflit au Sahara occidental, ainsi que sur la situation en Libye, la question palestinienne et sur les relations bilatérales dans les domaines économique, militaire et culturel.

La situation au Sahel est préoccupante

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Actuellement, une force militaire africaine, le G5, à laquelle participe le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie, est en train de se constituer au Sahel sous les auspices de la France, dans le but de lutter contre le terrorisme dans cette région, en plus des forces françaises et américaines déployées dans cet espace géographique supposément pour le même but. «L'initiative du G5 au Sahel a été adoptée par le Conseil de sécurité de l'Onu et la Russie a soutenu ce projet. Cependant, nous ne participons pas à cette force ni financièrement, ni militairement, ni technologiquement. Au niveau politique, nous suivons ce qui se passe, et nous constatons que la situation ne s'est pas améliorée en matière de sécurité, ce qui nous interpelle. Au début, il nous a semblé que les fins étaient bonnes parce que c'était un projet de confrontation avec les terroristes, mais les actions ne donnent pas de résultats positifs», a déclaré le diplomate.

«Il peut y avoir des intentions derrière cela, et elles peuvent être malhonnêtes. Alors nous suivons la situation sur la base des informations que nous recevons de nos amis. L'Algérie est un pays important pour nous dans la région, et mieux informée de la situation au Sahel, dans lequel elle a des intérêts dans tous les domaines», car ceci est vital pour elle, a-t-il ajouté.

Que faire pour résoudre la question du Sahara occidental

Concernant la résolution du conflit au Sahara occidental, opposant le Maroc au Front Polisario, l'ambassadeur a exprimé la position de la Russie en faveur de la solution promue sous l'égide des Nations unies, et qui consiste en l'organisation d'un référendum d'autodétermination.

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«Nous avons toujours joué notre rôle dans la question du Sahara. Nous croyons en le mécanisme des Nations unies et une mission spéciale onusienne, pour organiser le référendum. Mais ce référendum n'a pas eu lieu en plus de 25 ans. En plus du fait que cette mission ne compte pas, dans sa composition, tous les pays concernés. S'il existe des États influents qui empêchent d'arriver à une solution, la question sera difficile. Cependant, nous n'oublions pas qu'il y a une solution globale. Si l'Onu veut qu'il ait une solution sous sa supervision, nous devons aller dans ce sens, je veux dire des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, et un accord sur l'organisation du référendum», a affirmé le diplomate.

La Russie ne laisse pas tomber la Libye

Pour Igor Beliaev, même si la Russie a fait de la crise syrienne sa priorité, il n'en demeure pas moins que la crise Libye préoccupe son pays.

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«Nous pensons que la solution revient aux Libyens eux-mêmes. Et en tant que communauté internationale, nous devons aider les Libyens à s'asseoir à la table des négociations. Une fois de plus, nous disons que la vision algérienne est correcte dans le dossier libyen, et nous avons des contacts avec les responsables libyens à Tobrouk et à Tripoli tous les deux mois ou trois mois afin d'essayer de rassembler et de faire converger les vues. Nous reconnaissons le gouvernement d'entente nationale à Tripoli et considérons également que le parlement de Tobrouk est légitime, et pour nous, il faut surmonter cette division», a déclaré l'ambassadeur.

La question palestinienne après la décision américaine sur Jérusalem

Après la décision du Président américain, le 6 décembre dernier, de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade de son pays, la situation s'est gravement dégradée en Palestine, faisant éloigner l'horizon d'une solution politique au conflit israélo-palestinien. L'État de Palestine avait même déclaré que les États-Unis avaient perdu leur rôle de médiateur dans les pourparlers de paix entre les deux parties, et qu'ils ne pouvaient plus être garant d'un quelconque accord de paix vu qu'ils penchent plus vers les intérêts israéliens.

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Face à cette nouvelle donne, le diplomate a affirmé que: «Historiquement, nous entretenons des relations étroites avec la Palestine et le peuple palestinien. Nous soutenons la création d'un État palestinien reconnu internationalement, dans les frontières de juin 1967, avec Jérusalem pour capitale. Mais malheureusement toutes les précédentes tentatives de résoudre le conflit ont échoué à cause de la nouvelle administration américaine qui défend plus les intérêts d'Israël. Pour cette raison, nous essayons de réactiver le mécanisme existant, le Quartet, qui inclut les États-Unis, la Russie, les Nations unies et l'Union européenne, pour faire avancer le processus de paix».

«Nous sommes préoccupés par la situation de crise actuelle, la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens et leur diminution, alors nous essayons de corriger les choses», a-t-il ajouté.

«Nous discutons avec les Américains, et nous leur disons que cette étape [la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, ndlr] n'est pas utile. Mais l'administration américaine ne comprend pas cette question, et elle ne veut pas la comprendre. Car ne pas résoudre la question palestinienne engendre des effets négatifs sur les peuples arabes et musulmans de la région. Alors que la région connaît plusieurs conflits, et donner un nouvel élan à ces derniers n'est pas nécessaire», a-t-il conclu.

Les relations bilatérales en plein essor

Concernant les relations bilatérales algéro-russes, l'ambassadeur a considéré que les deux pays avaient un «énorme potentiel pour développer leurs relations» dans tous les domaines, malgré que ces dernières aient connu «un ralentissement durant les années 1990» à causes des «crises sécuritaires» que les deux pays ont vécu.

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Cependant, le diplomate a vanté la qualité de la coopération dans «le domaine militaire et de l'énergie», en particulier après l'accord de partenariat stratégique signé à Moscou en avril 2001, sous la supervision du Président de la République Abdelaziz Bouteflika et son homologue russe, Vladimir Poutine. Actuellement, «la coopération est en train de se développer rapidement», y compris dans les autres domaines, de l'économie, de la formation et de la culture.

«Aujourd'hui, nos relations se développent rapidement. Il y a un échange intense de visites dont les plus importantes sont celles du Premier ministre russe Dmitri Medvedev en 2017 et du ministre algérien des Affaires étrangères Abdelkader Messahel cette année, ainsi que la visite du secrétaire du Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev, qui est une personnalité de grande importance en Russie», a rappelé M.Beliaev.

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