Migrants: la Belgique est-elle le nouveau Calais?

© AFP 2023 Philippe HuguenCalais
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La Belgique alerte l'Union européenne sur la problématique du transit des migrants sur ses autoroutes. À l’instar de la France, elle appelle le Royaume-Uni à contribuer financièrement à sécuriser les parkings où stationnent les camions... Mais que s’y passe-t-il concrètement?

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Tous les chemins mènent à Londres. Au péril de leur vie, et de celle des chauffeurs, de nombreux migrants tentent de gagner le Royaume-Uni en transitant dans des camions en Belgique. Un phénomène tel que le secrétaire d'État, Theo Francken, demande de l'argent à l'Union européenne pour sécuriser les parkings d'autoroutes.

«Cette problématique est de plus en plus intense», a-t-il déclaré, à l'occasion d'une réunion ministérielle des 28 pays de l'UE à Sofia sur le thème de l'asile.

La semaine dernière, des migrants avaient attaqué des policiers à l'ouest de Bruxelles, à proximité de l'autoroute E40, axe privilégié en direction des ports de la mer du Nord, pour les migrants qui tentent de gagner l'Angleterre.

Le ministre de l'Intérieur, Jan Jambon, avait alors promis que la violence contre les policiers et les chauffeurs routiers serait «sévèrement punie». Car les chauffeurs s'inquiètent également de la situation:

«La première incidence, c'est qu'on ne dort plus la nuit dans un camion. On dort d'un œil, ce qui a des conséquences pour la sécurité routière puisque ce personnel va devenir somnolent, ce qui amène des absences de vigilances, ce qui explique certains accidents», indique Alain Durant, syndicaliste et fondateur de SECOP-ITSRE, qui évoque «les coups», que peuvent prendre les chauffeurs.

«Ils viennent en général en bande, ils sont 5, 6, 7, 8, 9 ou 10. Ils vont ouvrir les portes arrière d'un camion qui n'est pas fermé à clé par exemple, et ils vont s'introduire à 2, 3 ou 4 personnes dans la cargaison», tandis qu'un autre referme les portes arrière.

Mais lorsque les camions ne sont pas fermés par un cadenas, certains migrants «se cachent où ils peuvent»:

«Dans l'auvent du tracteur, ou sur les toits des camions. Ils essaient par toutes les solutions de se dissimuler dans le camion. Alors que quand il va passer au poste entre la Belgique et le Royaume-Uni, il y a des scanners qui permettent de pouvoir contrôler s'il y a une chaleur humaine».

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Le phénomène n'est pas nouveau, mais il a pris de l'ampleur, après l'évacuation en septembre 2016 de la «Jungle» à Calais, où jusqu'à 10.000 migrants s'étaient entassés. À l'issue d'une rencontre le 18 janvier dernier, le chef d'État français Emmanuel Macron et la Première ministre britannique Theresa May ont annoncé avoir signé un nouveau traité sur le contrôle de l'immigration entre leurs deux pays. En plus d'un volet sur le «traitement amélioré des mineurs non accompagnés demandeurs d'asile», Downing Street a fait part de son intention d'augmenter de 50,5 millions d'euros sa contribution financière au contrôle de la frontière, située côté français, répondant ainsi à une attente exprimée par l'Hexagone.

La Belgique demande aussi à Londres de mettre la main à la poche: «Je comprends qu'ils donnent de l'argent à la France […]. Je pense que c'est également nécessaire pour la Belgique», a ajouté Theo Francken, faisant également allusion à «un fonds européen qui peut payer pour la surveillance par des sociétés privées des parkings de l'E40». «La Commission doit faire plus», a-t-il affirmé.

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«Sécuriser les aires de parkings c'est une chose, mais avoir une véritable politique en matière d'accueil […], s'en est une autre», commente Alain Durant, qui voit se répéter le problème indéfiniment: «Il y a des migrants sur presque toute l'autoroute. On a fermé une aire d'autoroute, il y a deux ou trois mois, pour ces raisons-là, mais ils se retrouvent dans d'autres parkings autoroutiers». Un problème qu'il est urgent de prendre en main, d'autant plus qu'«on voit des campements avec beaucoup de détritus qui sont déposés et qu'on ne voyait pas avant. On peut voir dans les sous-bois, le long des autoroutes, des gens qui campent».

A-t-on pleinement conscience de l'ampleur du phénomène? Non, car «il y a beaucoup d'actes qui sont faits dans des parkings où les chauffeurs règlent les problèmes par eux-mêmes et ne vont pas aller se plaindre auprès de la police», explique Alain Durant.

«Il faut s'imaginer un chauffeur polonais confronté à un migrant sur un parking belge, le chauffeur polonais ne va jamais téléphoner aux autorités belges. Pour plusieurs raisons, comme la barrière de la langue».

«Je suis certain qu'il se passe beaucoup de choses, mais qui ne sont jamais rapportées», confie-t-il.

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