L'interception par la chasse syrienne de plusieurs missiles sol-sol israéliens est révélatrice des changements radicaux de rapports de force au Proche et au Moyen-Orient. Cette évolution militaire est en effet sous-tendue par des glissements des lignes de force géostratégiques, ce dont ne se plaindront pas les partisans de la multipolarité.
En effet, depuis quelques jours, Israël hausse le ton en affirmant «qu'il ne tolérera pas une quelconque présence iranienne en Syrie». Il oublie par là que la Syrie n'est pas une colonie israélienne, à l'instar de celles dont il dispose pour le moment encore en territoire palestinien. Il néglige aussi le fait que la République syrienne, en qualité d'État souverain, n'a aucunement à valider avec des tiers, qu'ils soient israéliens, américains ou européens, la présence sur son sol de forces alliées russes, iraniennes, ou du Hezbollah libanais.
Tel-Aviv semble de plus surpris que non seulement la Syrie a vaincu les dizaines de milliers de terroristes qui opéraient sur son sol depuis plusieurs années, grâce à l'aide décisive de la Russie et qu'elle ait déjà lancé de vastes chantiers de reconstruction à l'échelle nationale, mais aussi que Damas impose une nouvelle donne en matière de défense de son espace aérien.
Mais au delà de ces condamnations, force est de constater que la Syrie ne fut en général pas en mesure de défendre convenablement son territoire des frappes israéliennes. De fait, l'armée syrienne était avant tout mobilisée par la lutte antiterroriste et, de l'aveu même du président Assad, plusieurs systèmes de défense aérienne avaient été détruits par les terroristes au début du conflit.
Certaines mauvaises langues n'hésitaient d'ailleurs pas à mettre en doute la capacité de la Russie, alliée de Damas, à faire face à ces attaques aériennes d'Israël, qui passent le plus souvent par l'espace aérien libanais. Seule action visible de Moscou, avoir convoqué l'ambassadeur israélien pour lui exprimer des protestations officielles. Personnellement, je suis assez convaincu que si le Kremlin a tenté —en vain- de convaincre Israël de stopper ses actions hostiles contre la Syrie, la principale raison de la «patience» russe était de rester concentré sur l'élimination des terroristes en Syrie. Mission accomplie, puisque les terroristes ont été éliminés à plus de 95%.
La Russie, en bon allié, ne criera certainement pas sur les toits les raisons d'un tel changement dans les capacités antiaériennes de la République arabe. Cela ne rentre pas dans ses habitudes. Un peu comme au moment des victoires décisives à Alep, Palmyre, Homs ou Deir-ez-Zor, où la Russie avait toujours laissé la palme de la victoire au peuple, à l'armée et au gouvernement syrien.
Néanmoins, une chose est sûre: l'État sioniste ne domine plus l'espace aérien de la région. La pilule sera dure à avaler, mais il faudra s'y faire. Et au lieu de s'y casser les dents, Israël ferait mieux de repenser sa politique en direction de la Syrie, de la Palestine et plus généralement de toute la région. Dans le cas contraire, il risque de faire face à des conséquences qui lui seront très certainement préjudiciables.
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