«Paradise Papers»: la découverte du siècle ou un coup de communication médiatique?

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Un an et demi après le fameux dossier «Panama Papers», les «Paradise papers» révèlent un nouveau scandale financier à l'échelle mondiale. Dans une interview accordée à Sputnik, Jean-Baptiste Boone, chargé d’études à l’Institut de Recherches économiques et fiscales (IREF), a essayé de comprendre qui profite de cette prétendue affaire.

Un nouveau dossier sur l'activité des sociétés offshore, intitulé les «Paradise Papers», a été publié dimanche par le Consortium international des journalistes d'investigation. Alors que les médias mainstream, ainsi que plusieurs politiciens, parlent de schémas sophistiqués d'optimisation fiscale, à la limite de la légalité, grâce auxquels des milliards de dollars d'impôts impayés échappent aux finances des États, Jean-Baptiste Boone, chargé d'études à l'Institut de Recherches économiques et fiscales (IREF), a soulevé dans une interview accordée à Sputnik la question de savoir s'il s'agissait vraiment de la découverte du siècle ou d'un coup de communication médiatique.

«Cette "évasion" est une manière de travailler. On parle beaucoup de "fraude", mais il s'agit plutôt de "l'optimisation fiscale" pour des personnes qui ont beaucoup d'actifs à placer. Il est évident qu'ils ne peuvent pas les placer tous dans le même pays pour des mesures de sécurité», indique Jean-Baptiste Boone.

Et d'ajouter: «D'après tout ce que les journalistes ont dit, c'est tout à fait légal».

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Jean-Baptiste Boone estime que non seulement les déclarations des politiques profitent de cette prétendue affaire, mais qu'en plus ces déclarations font semblant de ne pas remarquer qu'il s'agit de pratiques légales.

«Bien sûr, il y a la fraude — mais qui ne concerne pas ce cas présent — et le gouvernement lutte contre, mais là, on ne peut pas accuser les gens d'utiliser les pratiques légales d'optimisation fiscale sous prétexte que c'est immoral. Les journalistes et les politique n'ont pas à déclarer ce qui est moral ou pas, c'est même dangereux de le faire», a indiqué l'analyste à Sputnik.

Selon Jean-Baptiste Boone, cette nouvelle enquête journalistique internationale ressemble beaucoup plus à du marketing journalistique qu'à une affaire de révélations.

«C'est d'ailleurs orchestré comme une affaire de marketing — on sort des révélations petit à petit, en gardant le lecteur en haleine. Je ne vois pas ce qu'ils ont à reprocher. S'ils veulent s'ériger en gardiens de la morale, il faut rappeler que les journalistes en France sont parmi les professions qui profitent le plus de l'optimisation fiscale», a conclu l'expert.

Eric Verhaeghe, ancien Président de l'APEC (l'Association pour l'emploi des cadres) et fondateur du cabinet Parménide, a même soulevé dans son blog l'idée de fakes news qui se cachent derrière «les révélations pseudo-sensationnelles».

M. Verhaeghe s'attaque ainsi au journal Le Monde qui titre sur les «Paradise Papers», nourrissant, selon l'analyste, la confusion entre fraude fiscale et optimisation fiscale dans l'esprit du grand public.

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«Certains font mine de découvrir que des entreprises, des institutions (comme la couronne d'Angleterre) ou des particuliers ont recours à des mécanismes parfaitement légaux pour échapper à l'impôt. Cette hypocrisie fait sourire puisque, s'agissant de la France, ces mécanismes sont discutés chaque année au Parlement avec toute la transparence que permettent les procédures parlementaires (…). On regrettera simplement que Le Monde donne désormais dans la fake news et nourrisse une confusion perfide entre optimisation fiscale, qui est probablement immorale mais parfaitement légale, et fraude fiscale», relate Eric Verhaeghe.

Parue un an et demi après le fameux dossier «Panama Papers», la nouvelle enquête journalistique internationale vient faire la lumière sur des schémas d'optimisation fiscale. Intitulée «Paradise papers» et couvrant une période de 50 ans, elle est basée sur près de 13,4 millions de documents sur des activités dans les paradis fiscaux, dont ceux provenant apparemment du cabinet d'avocats Appleby, enregistré aux Bermudes, et cite les noms de quelque 120 personnalités politiques et de multinationales, dont Apple et Uber.

Les noms de membres de la monarchie britannique, des dirigeants canadien et australien Justin Trudeau et Malcolm Turnbull, mais aussi du secrétaire d'État US Rex Tillerson figurent entre autres dans les «Paradise Papers».

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