Les musulmans français, victimes de l’état d’urgence

© AP Photo / Jeffrey McWhorterDes musulmans
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Dans la mire des policiers,Halim Abdelmalek fait partie des 439 Français, pour la plupart des musulmans, assignés à résidence suite à la déclaration de l’état d’urgence, qui a permis à la police de perquisitionner des centaines de mosquées et d’en fermer au moins 16. La nouvelle loi antiterroriste peut-elle aggraver davantage sa situation précaire?

Pour la première fois «repéré» par la police antiterroriste en 2015, quand il s'est retrouvé par hasard près de la rédaction de Charlie Hebdo, le Parisien Halim Abdelmalek, 35 ans, se sent désormais comme s'il était mis sur écoute permanente, relate le journal The Financial Times.

À l'époque, en mai 2015, il a été relâché faute de preuves, mais six mois plus tard — suite à l'attaque du Bataclan — il a reçu une lettre de la part du ministère de l'Intérieur lui demandant de se rendre au poste de police local. À l'en croire, la police le considérait alors en tant que terroriste présumé, vu qu'il fréquentait une mosquée jugée «radicale» et que son nom figurait parmi les islamistes présumés dans une base de données sur les voitures volées (il n'était en fait qu'un témoin de l'enquête).

«C'était comme si l'on avait mis l'inscription "terroriste barbu" sur mon visage», a-t-il déploré.

Or, avant sa victoire à l'élection présidentielle, en mai, Emmanuel Macron envisageait de laisser expirer l'état d'urgence introduit par son prédécesseur, tout en affirmant que l'expansion des pouvoirs de la police n'avait produit que des résultats «modestes».

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«Acte barbare»: Macron réagit à l'attaque de Marseille
Dans son livre «Révolution. C'est notre combat pour la France», publié un an après l'attaque du Bataclan, le futur Président écrivait en outre que les récentes lois augmentant la puissance des juges antiterroristes et le nombre de moyens de surveillance mis à la disposition des services de renseignement étaient suffisantes pour faire face à la menace terroriste.

Cependant, depuis son arrivée au pouvoir, le leader d'En marche a changé son fusil d'épaule, poursuit le Financial Times. Ainsi, avant son expiration, le 1er novembre prochain, le Président compte transformer le gros des mesures de l'état d'urgence en législation ordinaire, ce qui risque de restreindre considérablement les libertés civiles dans l'Hexagone.

À en croire certains juges et législateurs, une telle décision pourrait porter atteinte à la présomption d'innocence en matière de terrorisme, en plus de mettre en cause la prééminence du droit et le système judiciaire dans son intégrité. Ils tiennent également à souligner que cela pourrait entraîner dans la foulée une augmentation des bavures policières, les terroristes présumés étant en l'occurrence identifiés sur la base de renseignements anonymes et peu fiables.

Pis encore, poursuit le défenseur des droits de l'homme Jacques Toubon, la «légalisation» de l'état d'urgence pourrait mettre en question la cohésion sociale en stigmatisant la communauté musulmane, qui représente 7% de la population française.

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Macron essaie une couronne, des twittos réagissent
D'autres opposants du projet de loi antiterroriste d'Emmanuel Macron craignent que la législation ne ranime un comportement typique des heures les plus sombres de l'occupation de la Frances par les Nazis, à savoir la dénonciation, et qu'elle ne mette en danger les lieux de culte musulmans sous le prétexte de leur «radicalisation».

Après l'attaque meurtrière de Marseille et la découverte de bonbonnes de gaz à Paris, l'Assemblée compte approuver largement, mardi, le projet de loi antiterroriste, l'«équilibre» défendu par la majorité étant pris entre deux critiques: «insuffisance» pour LR et FN, «état d'urgence permanent» pour la gauche de la gauche.

Au centre de ce texte clivant: le renforcement des pouvoirs de l'autorité administrative (préfets, ministre de l'Intérieur) pour assigner quelqu'un et perquisitionner chez lui, fermer un lieu de culte ou faire des contrôles d'identité près des frontières. Le tout sans feu vert judiciaire, perquisitions exceptées.

La France ne pouvant «vivre continûment sous un régime d'exception» ayant déjà duré plus longtemps que pendant la guerre d'Algérie, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a défendu son texte comme «une réponse durable à une menace devenue durable».

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