Accusé de racket, de trafic de drogue et de blanchiment d'argent, Manuel Noriega a avoué ses crimes tout en déclarant qu'il avait agi avec l'approbation de la CIA et qu'il recevait pour cela une rémunération de la part des renseignements américains. Qui plus est, l'accusé disait disposer de preuves de virements d'argent de la part du gouvernement américain.
Pour l'accusation, le dossier était loin d'être simple: à l'époque où Noriega était en contact avec la CIA cette dernière était dirigée par George H. W. Bush, et au moment du procès le complice présumé de Noriega était déjà président des États-Unis.
Mais la justice a tout de même tenu compte de la longue amitié du dictateur avec Washington: par la suite la peine de Noriega a été réduite à 30 ans et de facto, pour ce chef d'accusation, il a purgé une peine de seulement 17 ans avant d'être envoyé dans une prison française pour un autre crime. De plus, il a bénéficié du statut de prisonnier de guerre, ce qui lui a permis de séjourner en prison dans un certain confort, dans une cellule individuelle avec de l'électroménager et des équipements d'entraînement.
Le destin de Noriega est assez tragique car il a été renversé et jeté en prison précisément par ceux pour qui il avait travaillé pendant de longues années. Le futur général avait fait connaissance avec les renseignements américains à la fin des années 1950 à l'académie militaire du Pérou: il transmettait aux Américains des informations sur ses camarades ayant des convictions de gauche.
C'est la politique qui a causé la perte de Noriega. Très ambitieux, il est devenu indiscipliné quelques années après son investiture. Premièrement, il s'est mis à s'ingérer activement dans le processus de paix en Amérique centrale — ce qui irritait les Américains. Deuxièmement, il a refusé de revoir les accords sur le canal de Panama.
Cette opération avait une importante particularité, devenue fatale par la suite: pour la première fois les USA avait proclamé pour objectif de leur ingérence militaire «l'établissement de la démocratie dans le pays». C'est ainsi que les États-Unis ont démarré une partie gagnée d'avance pour justifier de nombreuses autres ingérences à travers le monde.
La «démocratie» a coûté au Panama plus de 500 morts, majoritairement des civils.
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