Fiche S et port d’arme: quelle politique en France?

© REUTERS / Shamil Zhumatov/Files Пистолет в руках ополченец ДНР
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Ayant recensé «une centaine» de personnes fichées S susceptibles de détenir légalement une arme, le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb a souligné la présence d’un «dysfonctionnement important». Que compte faire le gouvernement pour y remédier? Les spécialistes français commentent la situation pour Sputnik.

Annonçant un «dysfonctionnement important» suite au recensement d'une «centaine» de personnes susceptibles de détenir légalement une arme tout en étant inscrites au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (fiche S), le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb ne dévoile pas encore les mesures concrètes qui pourraient être appliquées par l'État français pour y remédier. Interrogés par Sputnik, trois spécialistes français donnent leur avis sur la question.

Pour M. Sarron, en France on recense «3 millions d'armes à feu AGRIPPA et les fichés S ne représentant que 0,003% des détenteurs légaux d'armes».

«C'est énorme », affirme-t-il « mais il ne faut pas criminaliser les détenteurs légaux d'armes qui souhaitent soit se défendre, soit vivre leur passion tranquillement en citoyens libres et responsables».

« On propose également, pour la réflexion globale sur la politique intérieure, de s'inspirer de l'exemple d'autres pays européens — République Tchèque ou Suisse — ou certains de ses citoyens avec une détention légale d'arme à feu ont un prérequis opérationnel à pouvoir avoir un port d'arme pour être primo-intervenant en matière de terrorisme. C'est une piste que les pouvoirs publics devront suivre en France », conclut-il.

Contrairement à M. Sarron, Jean-Jacques Buigné, Président de l'Union française des amateurs d'Armes et fin connaisseur de la réglementation, estime que «le port d'arme est extrêmement rare en France», où «seuls les tireurs sportifs peuvent la transporter pour aller dans le stand de tir, mais ils n'ont pas le droit de la porter».

«Cette déclaration [de M. Collomb, ndlr] a un effet politique, c'est pour faire bien. Comme il y a du terrorisme, il faut faire quelque chose, il faut que l'état ait l'impression de faire quelque chose», ironise-t-il, ajoutant que «le terroriste des Champs-Élysées, au moment d'obtenir son permis de détention d'arme, était parfaitement clean».

«Le code de la sécurité intérieur dit que si le préfet craint un trouble à l'ordre public, il peut supprimer des armes. Il y a ce terme "craindre" dans l'arsenal juridique il y avait déjà la possibilité de supprimer l'arme du terroriste. Sans changer de règlementation, on pourrait lui retirer son arme avant », poursuit-il, ajoutant que cette affaire était «très subtile» parce qu'il s'agirait d' «une atteinte à une liberté individuelle».

Pour Alexandre Vautravers, coordinateur du Master en sécurité du Global Studies Institute (GSI) de l'Université de Genève, la fiche S est «une nouvelle base de données» et a été créée «avec une administration supplémentaire », alors qu'en réalité «il faut travailler sur la coordination entre le domaine judiciaire et policier».

«Dans la politique, dès que vous êtes au pouvoir, vous devez montrer des signes visibles de changement. On crée une nouvelle loi, alors qu'ils ne font que drainer les ressources supplémentaires, sans résoudre le problème», a-t-il martelé, ajoutant qu'«au mois de novembre, la présentation d'une nouvelle série de lois va introduire la quasi-totalité des mesures prévues jusqu'ici dans l'état d'urgence, vont pérenniser ces moyens pour les forces de l'ordre ».

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