Voyez grand, votez blanc!

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Dimanche 23 avril, près de 950.000 électeurs se sont déplacés dans les urnes pour n’accorder leur suffrage à aucun candidat. C’est 250.000 de plus que l’année dernière, et la tendance est à la hausse. Analyse avec Florian Demmel, membre du Parti du Vote Blanc.

Il n'influe pas sur le résultat, mais donne le pouls. Pour ce premier tour de la présidentielle, le vote blanc représente 1,78 % des votes et arrive à la septième place, engrangeant à lui seul « plus de que les 5 derniers candidats ». Un chiffre qui aurait pu être beaucoup plus élevé si ce type de vote était reconnu comme suffrage exprimé, estime Florian Demmel, membre du Parti du Vote Blanc, une association devenue mouvement politique et qui entend présenter des candidats aux législatives.

« Ce chiffre, même s'il est en progression, est encore insignifiant, parce que des sondages ont démontré ces dernières semaines que le vote blanc tel que nous le souhaitons, c'est-à-dire comptabilisé dans les suffrages exprimés, serait beaucoup plus fort. Il incarnerait un véritable moyen de pression à l'encontre des politiques et il représenterait un ensemble de gens qui sont déçus, dégoûtés, désintéressés ou démoralisés de la politique, qui n'ont pas d'autre moyen de s'exprimer que l'abstention ou le vote extrême. »

Le vote blanc a de plus en plus la cote. Par rapport au premier tour de 2012, le vote blanc et nul est en augmentation, passant de 1,92 % à 2,57 % cette année. Selon une étude IFOP réalisée pour le think tank Synopia, 40 % des Français sondés se disaient prêts à voter blanc le 23 avril. Il représente une solution pour les électeurs qui veulent exercer leur droit, faire part de leur mécontentement, sans se réfugier dans le vote contestataire, en votant « pour un extrême ». Sociologiquement important, il n'en reste pas moins un leurre démocratique, estime Florent Demmel:

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« Plus qu'un défaut, c'est un biais. Le fait de ne pas prendre en compte ce vote blanc, c'est le fait de ne pas prendre en compte une large part de la population, qui est frustrée par l'offre politique, et qui donc se répartit dans les chiffres de l'abstention, des votes extrêmes. »

Qui est vraiment prêt à reconnaître le vote blanc? La nouveauté cette année, c'est que la question a réellement fait son entrée dans le débat politique: « elle était systématiquement posée dans tous les débats », note Florian Demmel. En 2012, seul François Bayrou n'était pas opposé à sa reconnaissance. En 2017, tous les candidats s'y sont montrés favorables, à l'exception des trois « favoris ». Cela nécessiterait de modifier la Constitution, et pourrait mettre en péril le second tour, dans la mesure où le président est élu à la majorité absolue:

« Je pense que ce n'est pas dans l'intérêt des candidats institués de ce système institué, de reconnaître le vote blanc. Parce que l'ensemble des grands candidats perdraient. C'est la raison pour laquelle les trois candidats qui avaient le plus de chances de l'emporter ne l'ont pas proposé dans leur programme. »

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Pourtant, l'évolution est bien réelle: « les votes blancs et nuls augmentent de façon tendancielle depuis les années 1990, peu importe la nature de l'élection », explique Jérémie Moualek, chercheur en sociologie politique. Même si depuis 2014, les votes blancs sont comptés séparément des votes nuls, il reste un problème de différenciation: « l'absence de mise à disposition de bulletins blancs officiels (l'interdiction est inscrite dans le code électoral) fait qu'il reste impossible de distinguer réellement "vote blanc" et "vote nul". La plupart des votes dits "nuls" sont en fait des votes blancs "dans l'esprit" », toujours selon le chercheur. « Il viendra un moment où, forcément, le vote blanc sera reconnu », estime, confiant, Florian Demmel, prédisant entre 4 et 6 % de votes blancs pour le second tour.

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