La soumission européenne et le retour du Reich allemand

CC BY-SA 2.0 / Fred PO / Berlin BundestagLa soumission européenne et le retour du Reich allemand
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La domination allemande est absolue en Europe : 252 milliards d’euros d’excédent commercial. L’Allemagne contrôle et domine le continent ruiné par son euro (mais pourquoi faire la guerre ? demandait déjà Gustave Le Bon), culbute les élections qui ne lui plaisent pas (Portugal, Grèce), les supprime (Italie) ou ordonne pour qui voter (Macron ici).

L'Allemagne dirige également l'offensive contre la libre information et celle à l'Est contre la Russie, plus que les États-Unis de Trump. Tout cela ne se fait pas dans l'intérêt du peuple allemand, mais le peuple allemand a été programmé depuis Von Kleist (voyez la fable des marionnettes et la vision d'un avenir mécanique/zootechnique) pour ne pas rigoler.

La venue incontrôlée en Europe de millions de migrants répond en substance au programme du diplomate Zimmermann pendant la Grande Guerre: le réveil des mahométans, la guerre sainte même, pour chasser d'Asie ou bien d'Afrique les infidèles français ou britanniques. On veut aussi au passage faire baisser les salaires, Car le dumping reste la meilleure arme secrète allemande. On vend cher à domicile et on vend cheap à l'extérieur. La terrible baisse de pouvoir d'achat a servi cette politique conquérante.

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Pour ceux qui comme moi pensent que depuis 1815 environ l'histoire moderne est un présent permanent uchronique et dystopique, je recommanderai la lecture de Fritz Fischer sur les buts de guerre allemands en 1914. On le lit en français grâce à Jean-Jacques:

« Les buts de la guerre comprenaient la création d'une grande Mitteleuropa sous le contrôle militaire et économique complet de l'Empire allemand et rendu inattaquable par les annexions dans l'ouest et l'est, ainsi que l'établissement d'un anneau d'États satellites. Dans l'ouest, la Belgique devait être une dépendance allemande et la Lorraine française, riche en fer, annexée. »

À l'est le programme du kaiser est le même que celui des nazis ou du Lebensraum germano-américain de Merkel sous les traits de l'OTAN aujourd'hui (comme dit Angela, ce modèle humain de grosse Bertha, on n'est pas un club de vacances!):

« À l'est, la Lituanie et la Courlande devaient être soumises à la domination allemande, une grande partie de la Pologne centrale devait être annexée, et le reste de la Pologne, avec la Galice autrichienne, devaient former un État polonais qui, malgré quelques liens politiques avec l'Autriche-Hongrie, serait dominé sur le plan économique et militaire par l'Allemagne. La Roumanie aussi devait être maintenue dans la servitude économique. »

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Tout le monde s'y fait. Kaiser d'abord!

Le neutre Europe nordique devait suivre le mouvement:

« On a supposé que les Pays-Bas et les pays scandinaves se sentiraient obligés de se joindre au puissant bloc commercial qui résulterait de la guerre. En outre, le gouvernement allemand avait l'intention d'acquérir la plus grande partie de l'Afrique centrale d'un océan à l'autre. »

La Mitteleuropa sera donc une des maîtresses du monde:

« Faire de la Mitteleuropa une force qui placerait l'Allemagne à égalité avec les puissances mondiales établies et potentielles: l'Empire britannique, la Russie et les États-Unis. »

En septembre 1914, Bethmann-Hollweg dévoile son programme pour la future Europe unifiée façon Bruxelles. Et cela donne:

« En outre: un traité commercial qui rend la France économiquement dépendante de l'Allemagne, assure le marché français pour nos exportations et permet d'exclure le commerce britannique de la France. Ce traité doit nous garantir la liberté de circulation financière et industrielle en France… »

Ensuite, comme l'appétit vient en dévorant:

« Nous devons créer une association économique européenne centrale au moyen de traités communs, y compris avec le Danemark, l'Autriche-Hongrie, la Pologne [sic] et peut-être l'Italie, la Suède et la Norvège. Cette association n'aura pas d'autorité suprême constitutionnelle commune et tous ses membres seront formellement égaux, mais dans la pratique seront sous la direction de l'Allemagne qui devra stabiliser la domination économique de l'Allemagne sur la Mitteleuropa. »

Le but allemand est de chasser Russie et Grande-Bretagne du continent européen sous dominance allemande. Brexit? Ruxit?

« Après avoir éliminé la France comme grande puissance, exclu l'influence britannique du continent et repoussé la Russie, l'Allemagne avait l'intention d'établir sa propre hégémonie sur l'Europe. »

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Le sinistre et impudent chancelier allemand, issu d'une famille de Francfort et proche des Rothschild depuis toujours, ajoutait:

« La formation d'une grande unité économique européenne centrale sous la direction de l'Allemagne ‘ne pouvait se faire sur la base d'un accord à partir d'intérêts communs… Mais seulement sous la pression de la supériorité politique, si nous étions en mesure de dicter les conditions de paix'. »

Quant à la Russie elle était bonne pour retourner chez les Tartares (un peu comme aujourd'hui):

« En ce qui concerne l'est, Class a écrit ‘le visage de la Russie doit être retourné de force vers l'est et ses frontières doivent être réduites, approximativement, à celles de Pierre le Grand'. »

Fritz Fischer évoque ensuite Erzberger, le bon catholique Erzberger qui signera plus tard la fausse paix à Versailles:

« Pour atteindre ces objectifs, Erzberger (en accord total avec Bethmann Hollweg) a exigé le commandement suprême allemand sur la Belgique et les côtes de la Manche, de Calais à Boulogne; l'annexion de tous les gisements de minerai de fer de Longwy-Briey; la libération des peuples non russes du joug moscovite sous le contrôle suprême allemand; et l'établissement d'un royaume de Pologne sous souveraineté allemande. L'Autriche-Hongrie devait s'étendre en Ukraine, en Roumanie et en Bessarabie. »

On a dit que sous la chancelière en fer blanc les industriels allemands ont poussé à l'immigration des migrants. C'est vrai, et ils sont traditionnellement plus durs et plus cruels que leurs domestiques politiques (observation d'Engels après la guerre de 1870). Voici ce que le baron Thyssen propose, une génération avant que son fils ne finance le nazisme:

« Plus extrême encore, il y eut un mémorandum d'August Thyssen, que Erzberger transmit au gouvernement le 9 septembre 1914. Ce document demandait l'incorporation de la Belgique et des départements français du Nord et du Pas-de-Calais avec Dunkerque, Calais et Boulogne, le département de Meurthe-et-Moselle avec la ceinture française des forteresses et la Meuse et les départements des Vosges et de Haute-Saône avec Belfort. À l'est, Thyssen voulait les provinces baltes et peut-être le bassin du Don avec Odessa, la Crimée, la région de Lvov et le Caucase. Il a justifié ses revendications par la nécessité de sécuriser les futures réserves de matières premières de l'Allemagne. »

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La Crimée objectif allemand? Mais selon la doctrine pangermaniste, tous les territoires où l'on parle allemand sont des objectifs allemands, et un Thyssen plus globaliste et délirant que jamais rêve ensuite de tout conquérir dans l'île-monde:

« Les rêves très vastes de Thyssen ont abouti à l'idée d'acquérir une voie de passage terrestre à travers le sud de la Russie, l'Asie Mineure et la Perse, de là le coup décisif contre l'Empire britannique — le véritable ennemi de cette guerre — en Inde et en Égypte. »

Ensuite on rêve de l'Afrique. Ce sont les Jeux africains du jeune Jünger (et si c'était le plus dangereux celui-là, sous sa bonhomie cultivée?)

« Ce n'est qu'ainsi que Thyssen voit l'assurance, pour l'Allemagne, de s'élever au niveau d'une grande puissance, cela d'autant plus si l'augmentation de sa force économique, par rapport à son dernier concurrent, la Grande-Bretagne, provient de nouveaux marchés dans un empire colonial allemand en Afrique centrale, avec les Congos français et belge et le Maroc. »

Tout cela nous ramène à la prophétie de Balzac que j'explique dans mon livre Littérature et conspiration.

À la fin de la nouvelle, un jeune nordique nommé Wilfrid fait une déclaration amoureuse et militaire à son aimée; la guerre, le destin, l'Europe, l'orage (Blitzkrieg), tout annonce le führer allemand, je redonne tout le paragraphe:

« Sachez mon secret. J'ai parcouru tout le Nord, ce grand atelier où se forgent les races nouvelles qui se répandent sur la terre comme des nappes humaines chargées de rafraîchir les civilisations vieillies. Je voulais commencer mon œuvre sur un de ces points, y conquérir l'empire que donnent la force et l'intelligence sur une peuplade, la former aux combats, entamer la guerre, la répandre comme un incendie, dévorer l'Europe en criant liberté à ceux-ci, pillage à ceux-là, gloire à l'un, plaisir à l'autre; mais en demeurant, moi, comme la figure du Destin, implacable et cruel, en marchant comme l'orage qui s'assimile dans l'atmosphère toutes les particules dont se compose la foudre, en me repaissant d'hommes comme un fléau vorace. »

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Tout cela ne sonne pas vraiment comme le message des Lumières!

Wilfrid souligne le rôle eschatologique de son combat contre l'Angleterre et la nécessité de conquérir l'Inde, de recourir au Heartland de McKinder (pas encore nommé ainsi) et au Caucase comme lieu suprême de ressourcement du monde… C'est l'Elbourz qu'escaladeront les alpinistes nazis, et c'est dans le prométhéen Caucase d'ailleurs que le Troisième Reich ira se perdre.

« Mais, chère Séraphîta, mes observations m'ont dégoûté du Nord, la force y est trop aveugle et j'ai soif des Indes! Mon duel avec un gouvernement égoïste, lâche et mercantile, me séduit davantage. Puis il est plus facile d'émouvoir l'imagination des peuples assis au pied du Caucase que de convaincre l'esprit des pays glacés où nous sommes. Donc, je suis tenté de traverser les steppes russes, d'arriver au bord de l'Asie, de la couvrir jusqu'au Gange de ma triomphante inondation humaine, et là je renverserai la puissance anglaise. »

Guerre de quatorze, guerre de quarante, Europe de Bruxelles. Les buts de guerre sont les mêmes. Et le butin.

Fritz Fischer confirme deux choses: Lord Grey a beaucoup fait pour éviter la guerre. Wilson a tout fait pour se concilier la rage allemande qui ne connaît plus de limites sur les mers et ailleurs. Et en 1916 l'Angleterre qui n'a pas encore fait entrer les USA dans la danse (malgré le Lusitania) propose une paix à l'Allemagne. Belgique et France libérées, et main libre (free hand) à l'est contre la Russie. Pauvre Russie! Woodrow Wilson acclame la révolution russe qui est plus allemande que russe et devient l'allié de l'empire britannique contre l'empire allemand (observation du sénateur la Follette au congrès).

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Tout cela me confirme dans ce que j'ai toujours pensé. Aussi éteinte qu'en 1940 la France n'aurait jamais attaqué l'Allemagne. Celle-ci n'avait pas besoin de l'attaquer et pouvait dès juin 1914 attaquer et découper en rondelles la seule Russie, ce que beaucoup de monde aurait accepté avec enthousiasme. Vingt divisions à l'ouest pour dissuader la France auraient suffi. Mais comme les automates ou les animaux dont ils s'inspirent, les Allemands ne savent pas s'arrêter — de conquérir, de produire, d'exporter…

Fritz Fischer écrit sur cette proposition de paix anglo-saxonne au détriment de la Russie:

« Le colonel House arriva juste d'Angleterre et rapporta que la Grande-Bretagne n'était pas d'humeur avec l'Amérique. Grey et Lloyd George n'étaient pas du tout aussi peu disposés à la paix qu'il s'y attendait. Les conditions de paix britanniques, selon House, étaient l'évacuation par l'Allemagne de la Belgique, du nord de la France et de la Pologne, mais sans indemnité de guerre. Il a dit que Lloyd George avait expressément garanti à l'Allemagne toutes ses possessions coloniales et un blanc-seing contre la Russie…

Tout cela confirme la vision de Veblen-Preparata plusieurs fois recensée par nous: la destruction mutuelle germano-russe est un rêve anglo-saxon. Mais c'est aussi un rêve allemand, malheureusement.

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Bibliographie succincte


Honoré de Balzac — Seraphita
Nicolas Bonnal — Chroniques sur la Fin de l'Histoire; Histoire et conspiration (sur Kindle)
Fritz Fischer — Les buts de guerre allemands, Germany's aims in the, first world war by fritz Fischer, With Introductions by Hajo Holborn, Norton Company, Inc New York (sur archive.org)
Philippe Grasset — La Grâce de l'histoire, le Deuxième cercle, Éditions mols, pp. 355-366
Kleist — Scènes de la vie des marionnettes (sur ebooksgratuits.com)

Fragments en anglais traduits par notre ami Jean-Jacques pour le Saker Francophone

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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