Les raisons de la hausse des viols en Ile-de-France

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En 2016 en Île-de-France, les viols et agressions sexuelles ont augmenté de 14,9%, après une hausse de 15,9% en 2015. Les services de police expliquent ces chiffres par l'augmentation des rencontres dans le cadre de soirées qui brassent alcool et drogue et mettent également en cause l'usage d'Internet.

D'après les associations, ce chiffre ne représente que le sommet de l'iceberg: 20 % des violences existantes.

Près de 15% en 2016, après déjà 16% en 2015! Les chiffres de l'augmentation des agressions sexuelles en Ile-de-France présentés par la Police heurtent. Et pas seulement les âmes sensibles.

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Mais ce sont surtout les raisons de cette hausse avancée par la Police qui surprennent. Il s'agit de « l'augmentation des rencontres dans le cadre de soirées qui brassent alcool et drogue et (…) l'usage d'Internet ». Nous avons demandé à Michèle Vianès, présidente de l'Association « Regards des Femmes » de commenter ces chiffres:

« C'est deux points importants. Le premier: vous savez que par rapport au viol il y a ce qu'on appelle le « chiffre noir »: il y a très peu de viols qui sont dénoncés. Or, à force de faire des campagnes, il y a plus de femmes qui vont aller déposer plainte. Ça, c'est un point extrêmement important à avoir à l'esprit du fait de l'augmentation des chiffres. Et puis évidemment il y a cette banalisation des violences sexuelles, ce dont parle la police, c'est-à-dire sur les réseaux sociaux. Vous avez dû suivre la polémique et « Regards de Femmes » a aussi dénoncé le cas du cinéaste Polanski. On vient d'apprendre, maintenant qu'il ne doit plus présider les Césars. Là aussi c'est un point important pour les droits des femmes. »

Alors, quelles sont ces « chiffres noirs » de viols et agressions sexuelles qui, visiblement échappent aux statistiques?

« D'après les chiffres qui sont reconnus par toutes les associations, on peut compter qu'il y ait moins de 20 % des viols perpétrés qui sont dénoncés, qui sont rapportés à la police par les dépôts de plainte. Le chiffre noir est énorme: c'est environ 80%. »

On accuse Internet de beaucoup de maux: l'augmentation de la violence, l'obésité, l'absence d'effort physique… Est-ce que qu'Internet est aussi responsable de la croissance de cas de violences faites aux femmes?

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« Toute cette question, moi j'appelle ça de la permissivité sociale par rapport aux violences envers les femmes. En France, comme dans tous les pays du monde, cette augmentation des viols provient aussi de cette permissivité sociale, du fait que les garçons ne sont pas éduqués au respect du corps de l'autre. Pour nous, c'est un point extrêmement important sur lequel nous agissons, en particulier dans les établissements scolaires, pour parler et dénoncer les violences dans les rapports entre filles et garçons. »

Souvent, on peut entendre que la femme a elle-même voulu cette liberté dans les années 1960 — 70 et maintenant on s'étonne qu'il faille de nouveau poser des barrières.

« Cette libération des femmes et ce droit à décider avec qui elles avaient des rapports sexuels et concevaient leurs propres décisions est maintenant totalement instrumentalisée, en particulier par les extrémistes religieux, tous les théocrates, tout le patriarcat archaïque, qui veut revenir de fait sur l'émancipation et l'autonomie des femmes, en revenant sur la mainmise sur le corps des femmes par les hommes. Mais vous avez aussi le point de vue du courant libertaire: on a une instrumentalisation de la liberté acquise difficilement des femmes (en particulier dans notre pays depuis la fin des années 1970), dans cette longue marche des femmes françaises vers leur autonomie et leur émancipation. Il n'y a pas plus de femmes violées, il y a autant qu'avant, on en parle plus. Mais ils disent: s'il y a des femmes violées, c'est de leur faute parce qu'en réclamant leur autonomie, leur émancipation, elles ont ouvert un espace au fait qu'elles soient considérées comme des objets sexuels. »

Les chiffres officielles disent que chaque année, 216 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime (mari, concubin, pacsé, petit-ami…).

« Il s'agit d'une estimation minimale, » — précise le site du Ministère des Familles, de l'Enfance et de droit des Femmes.
Hélas, même un ministère entier n'arrive pas à contrer la violence des gentilshommes de France.

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