Politique de «pieds secs, pieds mouillés », apanage de la guerre froide

© AP Photo / Ramon EspinosaDrapeaux cuban et américain
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À quelques jours de son départ de la Maison Blanche, le président américain sortant Barack Obama a mis fin au régime spécial qui accordait depuis un demi-siècle un permis de séjour aux immigrants cubains clandestins arrivant aux États-Unis par la mer.

L'abandon de la politique connue sous le nom de « pieds secs, pieds mouillés », selon laquelle les autorités américaines acceptaient les immigrants qui touchaient terre et renvoyaient à Cuba ceux récupérés en mer, est l'une des dernières et des plus inattendues décisions du président sortant Barack Obama, démarche saluée par La Havane, a déclaré à Sputnik Armando Fernández Steinko, de l'Université complutense de Madrid.

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« L'abrogation du régime spécial d'immigration qui permettait à tout Cubain ayant réussi à gagner le territoire américain ("pieds secs") de rester aux États-Unis et de recevoir un permis de travail avec la possibilité d'obtenir une résidence permanente au bout d'un an est incontestablement un pas vers le rejet de la logique de la guerre froide », a estimé l'interlocuteur de l'agence.

Et d'ajouter que cette démarche de Barack Obama répondait à une demande de longue date de La Havane qui voyait en la politique de « pieds secs, pieds mouillés » une incitation à l'exil vers l'Amérique.

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L'universitaire espagnol a comparé cette situation dans les relations entre La Havane et Washington à celle des deux Allemagnes à l'époque de la guerre froide, les Allemands de l'Est ayant alors bénéficié en Allemagne de l'Ouest d'avantages similaires à ceux des exilés cubains aux États-Unis. Tant la RFA que les USA cherchaient à attirer l'immigration pour affaiblir leurs rivaux.

« Des conditions économiques avantageuses et des privilèges étaient accordés en RFA aux Allemands venant de la RDA, bien meilleurs à ceux qu'avait la population locale. Cela rendait très attrayante la demande d'asile, ce qui était présenté par la suite comme l'accueil de réfugiés politiques et servait à argumenter la supériorité morale, économique et politique de l'Occident sur l'Est (…). Il en a été ainsi avec Cuba, mais pas avec le Mexique — un autre pays où la situation de la société était même bien pire », a indiqué le professeur.

À signaler que la diaspora cubaine aux États-Unis, opposée au pouvoir des Castro, a soutenu l'abrogation des privilèges d'immigration pour ses compatriotes.

M. Steinko l'explique par le fait qu'il s'agit principalement de la première vague d'immigration cubaine qui s'est installée aux États-Unis juste après le renversement de Fulgencio Batista et qui regarde avec dédain le peuple cubain.

« Ces gens ne veulent rien savoir du pays de leur origine. Ils ne se préoccupent que de leurs propres intérêts égoïstes. Aussi, soutiennent-ils le Parti républicain et tous ceux qui plaident pour le durcissement des mesures visant Cuba », a-t-il explicité.

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L'expert a également abordé le programme Parole, concernant les médecins cubains, que Fidel Castro avait qualifié de « vol des cerveaux ». Ce programme lancé par George W. Bush a également été abrogé par Barack Obama.

Ledit programme encourageait notamment la défection des médecins envoyés par Cuba dans d'autres pays.

« C'était un élément de la politique sélective générale, un moyen concret de nuire à Cuba ou à d'autres pays, en aspirant les "cerveaux" à l'aide de procédures d'immigration simplifiées. Or, les Américains ont fait la même chose avec la Russie », a conclu l'interlocuteur de Sputnik.

Depuis 1966, en pleine guerre froide, les émigrants cubains se voyaient offrir des facilités d'installation aux États-Unis avec la possibilité d'obtenir une résidence permanente au bout d'un an. Désormais, avec la fin des avantages américains pour les exilés cubains, ces derniers seront traités de la même façon que les immigrants d'autres pays.

« Cette démarche signifie que nous traitons désormais les immigrants cubains de la même façon que les immigrants d'autres pays », a souligné le président sortant des États-Unis.

Selon la Maison Blanche, désormais, les Cubains qui tentent d'entrer illégalement aux États-Unis, mais ne répondent pas aux critères d'assistance humanitaire « seront expulsés ».

Depuis la révolution de 1959, environ deux millions de Cubains ont pris le chemin de l'exil aux États-Unis, en effectuant une traversée maritime de 140 kilomètres au péril de leur vie. La plupart d'entre eux résident en Floride (sud-est).

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