Comment les médias allemands manipulent l'opinion publique

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Dans une interview accordée à Sputnik, le professeur, politologue et journaliste allemand Ulrich Teusch, auteur du livre "Lückenpresse" ("La presse avec des lacunes"), parle des problèmes essentiels des médias allemands d'aujourd'hui, qui ne consistent pas en des mensonges, mais plutôt en des lacunes de presse.

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Selon lui, dans les médias allemands, les principaux problèmes sont que certaines informations importantes sont étouffées, de plus certaines actualités sont mises en avant alors que d'autres sont supprimées. Certaines informations sont biaisées, soit elles sont présentées dans un certain contexte, soit, si elles sont problématiques, sous un certain angle. Selon M.Teusch, certains sujets sont promus, alors que d'autres sont publiés sans aucun retouche supplémentaire. De plus, le double standards est régulièrement utilisé pour ces actualités.

Tous ces éléments sont liés les uns aux autres, ils se renforcent mutuellement et ainsi ils ne deviennent que des "narratives", des modèles journalistiques intégrés obligatoires pour la presse du courant dominant. 

Ces modèles aident à alléger l'estimation et le filtrage des informations entrantes: si votre nouvelle s'inscrit bien dans le cadre du narrative, elle a toutes les chances de passer l'étape de la sélection préliminaire.

Du point de vue de la journalistique, les narratives sont d'approche douteuse, explique M.Teusch:

"Lorsqu'un narrative s'enracine dans le courant dominant, il peut être de temps à autre facilement retourné en propagande. C'est le point le plus important de mes critiques de la presse du courant dominant qui existe en Allemagne et dans d'autres pays", a-t-il déclaré.

M. Teusch estime que les facteurs de la possession et du contrôle jouent un rôle important dans la position qu'occupe le courant dominant des médias. Par exemple, dans les années 80, environ 50 entreprises américaines contrôlaient les médias. Aujourd'hui, il n'en reste que six. Selon M.Teusch, ces sociétés transnationales maintiennent des liens avec d'autres grandes compagnies qui, par exemple, à la demande de l'Agence nationale de la sécurité des Etats-Unis (NSA), créent des programmes de contrôle de masse. Selon M. Teusch, il serait naïf de croire que cette implication n'a pas d'effets sur les médias.

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D'après M. Teusch, la presse utilise le narrative aussi à l'égard de la Russie:

"Ce narrative est devenu exceptionnellement efficace au cours de l'escalade de la situation en Ukraine, mais même avant cela la majorité des nouvelles sur la Russie était présentée sous un angle négatif. (…) Dans mon livre, j'utilise le terme d'"avant-propagande": un élan, une phase préliminaire, à la base de laquelle on peut construire vite et facilement la propagande. Ainsi, personne n'a besoin de savoir qui est bon et qui est mauvais".

En guise d'exemple, M. Teusch parle de l'assassinat de l'opposant Boris Nemtsov. Selon le journaliste, juste après le meurtre, les médias ont essayé de convaincre leur public, sans avoir aucune preuve, que ce n'était que le Kremlin qui pouvait être derrière cela.

Le célèbre journaliste allemand Günther Jauch dans son émission avait ouvertement demandé si la Russie se trouvait sur le droit chemin de la dictature. Pourtant, lorsque quelques semaines après l'assassinat de (Boris, ndlr) Nemtsov, le critique du régime de Kiev (Pavel Cheremet, ndlr) a été tué en Ukraine, la majorité des médias allemands l'ont à peine mentionné.

 

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