Tout comme le Vatican n'appartient pas à l'Italie, mais aux chrétiens, La Mecque n'est pas propriété de l'Arabie saoudite, mais des musulmans du monde entier, considère le responsable des questions internationales au Centre de la culture et des relations islamiques Abbas Khameyar. Ce dernier estime que l'Arabie saoudite a politisé le pèlerinage pour exercer des pressions sur l'Iran.
"Dans le cadre d'un mémorandum signé il y a plusieurs année, l'Organisation iranienne du hadj collaborait avec succès avec les autorités saoudiennes pour ce qui est de l'organisation du pèlerinage des citoyens iraniens. Chaque année, des amendements étaient apportés au mémorandum en fonction des besoins. Or, suite aux divergences politiques entre nos pays, l'Arabie saoudite a politisé le hadj. Ces actions peuvent être qualifiés comme autant de tentatives d'exercer des pressions sur les autorités iraniennes et de se venger contre le peuple iranien pour qui le pèlerinage a toujours été un rite religieux exempt de toute politisation", a-t-il indiqué dans un entretien à Sputnik.
Toutefois, les autorités saoudiennes ont lié cette question à la rupture des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran.
"Nous avons l'impression que dès le début la partie était faite de telle sorte que l'Iran n'avait aucune chance d'envoyer ses citoyens en pèlerinage. Des conditions pénibles ont été créées même pour nous, les diplomates en charge de cette question. Tout d'abord, le processus de délivrance de visas pour les membres du groupe de négociateurs iranien a duré trois mois. Ensuite, lors du deuxième round de négociations, nous avons réalisé que les Saoudiens n'avaient aucune intention de résoudre le problème. Nous avons appris qu'ils avaient proposé à trois pays musulmans de loger à un prix très compétitifs leurs pèlerins dans des immeubles qui étaient initialement destinés aux pèlerins iraniens", confie-t-il.
Selon lui, l'Arabie saoudite n'est pas la propriétaire de La Mecque, d'ailleurs ses rois se qualifient de "gardiens des deux lieux saints" et non de propriétaires. "Mais dans les faits ils se comportent comme s'ils étaient les seuls propriétaires, et pendant les négociations, ils dictent leurs conditions et leurs règles à tous les autres", a conclu l'interlocuteur de Sputnik.