Des journalistes turcs accusés de quatre crimes pour un article

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La prochaine audience dans le cadre du procès judiciaire contre le rédacteur-en-chef du journal turc Cumhuriyet (La République) Can Dündar et le journaliste d’une filiale du journal à Ankara Erdem Gül aura lieu vendredi 6 mai.

Le parquet d'Istanbul a modifié la formulation des accusations contre deux journalistes turcs arrêtés pour avoir révélé que les services de renseignements turcs livraient des armes à Daech.

Le rédacteur-en-chef du journal turc Cumhuriyet (La République) Can Dündar et le journaliste d'une filiale du journal à Ankara Erdem Gül ont été accusés d'"espionnage militaire et politique". Mais un nouveau chef d'inculpation a été retenu contre les journalistes, à savoir celui de la "divulgation d'informations secrètes dont la confidentialité était nécessaire pour le bien de la sécurité de l'Etat et de sa politique intérieure et extérieure". Les journalistes encourent entre 10 et 25 ans de prison. La prochaine audience aura lieu le vendredi 6 mai.

Selon l'avocat Akın Atalay, ce procès était politique dès le début. "Là où la politique entre en jeu, l'accusation est formulée très rapidement", a-t-il expliqué à Sputnik. L'avocat a rappelé les paroles du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui avait dit qu'il "ne [laissera] pas cela sans conséquences et qu'il (M.Dünbar, ndlr) répondra pour cela".

M.Atalay a estimé que personne ne s'intéressait à la question de savoir si les accusés étaient réellement coupables, mais qu'il fallait juste les condamner à une lourde penie.

"En fait il est fort probable que le procureur a compris que, dans la situation actuelle, on ne pouvait pas accuser les journalistes de tentative de coup d'Etat, de soutenir une organisation terroriste ou de faire de l'espionnage. On a alors pris la décision de changer le chef d'inculpation", a-t-il estimé.

L'interlocuteur de Sputnik pense que la prochaine audience se concluera par la prononciation de la sentence finale. "Tout le procès est depuis le début une tentative du pouvoir de faire pression sur les journalistes d'opposition, de leur faire peur", a-t-il constaté.

"On a essayé d'accuser les journalistes de quatre crimes pour avoir publié un seul article, mais cette tentative n'a pas été couronnée de succès. On ne peut pas faire peur aux gens de cette manière", a conclu M.Atalay.

Can Dündar et Erdem Gül ont été arrêtés le 27 novembre 2015. Le parquet les a accusés d'avoir collaboré avec des groupes terroristes. Ils sont aussi accusés d'espionnage. Un article sur les livraisons éventuelles d'armes turques en Syrie, publié en 2015, est la principale cause de la mise en examen des deux journalistes.

Can Dundar - Sputnik Afrique
"Je suis journaliste, cela me regarde où je trouve mes informations"
L'article affirmait que la Turquie avait fourni en contrebande des armements aux insurgés syriens. Le gouvernement a ensuite démenti cette information et le président Recep Tayyip Erdogan a déposé une plainte contre les journalistes.

En février, la Cour suprême de Turquie a statué que les journalistes avaient été arrêtés en violation de la loi. Le 26 février, ils ont été placés en résidence surveillée. Le président turc a exprimé son désaccord avec cette décision de justice.

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