Mistral: la décision de rompre le contrat prise à Washington

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L'affaire des Mistral nous ramène à un alignement de la France sur les orientations occidentales qui sont plus décidées à Washington qu’à Paris, qui paie le prix en termes de crédibilité et diplomatique, estiment les experts Richard Labévière et François Asselineau dans un entretien à Sputnik.

Selon Richard Labévière, rédacteur en chef de la revue Défense, le dossier douloureux des Mistral est devenu éminemment politique pour François Hollande, qui a des difficultés pour financer la plupart des services publics.

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Mistral: le coût de l’annulation du contrat est d’environ 950M EUR
"L'autre aspect est plus politique dans la mesure où, depuis le début de cette affaire, on ne voit pas pourquoi on bloque la livraison de ces bateaux destinés à la Russie selon des contrats qui avaient été signés et poursuivis avec les transferts de technologies, etc. Alors que dans le même temps, la France a augmenté considérablement ses ventes d'armes à des pays comme le Qatar, l'Arabie saoudite et d'autres +grandes démocraties+. Je dis +démocratie+ avec beaucoup de guillemets sur le plan politique et de la morale". On trouve sur ce dossier, selon l'expert, un deux poids deux mesures.

Ce dernier estime que le président de la République et le Quai d'Orsay annoncent qu'il y a des discussions entreprises avec le gouvernement égyptien pour ces bateaux juste pour rassurer les contribuables français.

Mais M. Labévière souligne que ces bateaux ne sont fabriqués que pour les mers du Nord. " On ne voit pas très bien pourquoi cette coque serait nécessaire pour l'Egypte dans les eaux de la Méditerranée. On peut se poser la question sur un plan stratégique et opérationnel des besoins de projection d'un pays comme l'Egypte", fait-il remarquer.

"Cette affaire est doublement désastreuse pour la France sur le plan financier, mais aussi sur le plan diplomatique et sur le plan politique. Elle nous ramène encore une fois à un alignement de la France sur les options occidentales qui sont plutôt décidées à Washington qu'à Paris", conclut M. Labévière.

François Asselineau, président du Parti Union Populaire Républicaine, commentant l'aspect financier de cette affaire, a déclaré que le fait qu'il y avait une somme annoncée à l'euro près, n'est pas choquant en soi.

"Ce qui est beaucoup plus choquant, c'est que nul ne sait ce que recouvre exactement ce montant et s'il est complet. En particulier, on ne sait pas si dans ce montant sont intègrés les frais de maintenance des bateaux qui depuis des mois croupissent à Saint-Nazaire, et cela nécessite des millions d'euros pour les maintenir en bon état. On ne sait pas non plus les coûts qui vont être occasionnés, par ce qu'on ne sait pas ce qu'on va faire de ces navires ensuite. Rembourser la Russie, c'est une chose, mais qu'en faire ensuite?", s'interroge-t-il.

Dans la mesure où la Russie pourrait bloquer la vente de ces Mistral, on ne voit même pas d'acheteurs.

"On a parlé de la Malaisie qui pourrait racheter, la Malaisie a démenti. On a parlé de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte… Concrètement, pour l'instant il n'y a aucun acheteur", estime M. Asselineau. Selon lui, on ignore complètement combien de temps on va garder ces navires, si, même on pourrait un jour les revendre.

"Si on les garde encore plusieurs mois ou plusieurs années, cela risque de nous coûter des sommes bien supérieures à ce qui est annoncé", souligne-t-il, en ajoutant que l'option consistant à démanteler ces navires est également très coûteuse.

D'après lui, il faut ajouter à tout cela un coût supplémentaire qui ne se chiffre pas en euros: un coût en termes de crédibilité et également diplomatique. La parole de la France n'a pas été respectée. La France s'est inclinée devant le diktat de Washington. Monsieur Hollande porte une responsabilité écrasante dans cette affaire.

M. Asselineau a déclaré qu'il fallait bien entendu livrer les navires à la Russie. "On a besoin d'entretenir les relations diplomatiques avec un pays qui doit être un grand ami de la France. Si nous ne livrons pas ces navires, c'est uniquement parce que Washington l'a exigé, ce qui est contraire à notre souci d'indépendance et de souveraineté nationale", a conclu le président de l'Union Populaire Républicaine.

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