La journaliste turque Asli Aydintasbas a annoncé fin mai son départ du quotidien Milliyet ("La Nation"), où elle avait travaillé pendant plusieurs années, afin de dénoncer l'absence de liberté de parole dans les médias
"La Turquie s'est transformée en pays des journalistes au chômage. La situation est telle que pour plusieurs médias, l'objectif principal est désormais le maintien de bonnes relations avec le gouvernement, et pas la qualité des matériaux publiés", explique-t-elle dans une interview accordée à Sputnik.
"La Turquie a besoin des gens qui savent réfléchir (…). Et ils existent. Ils veulent être sûrs de la qualité de l'information fournie par les médias. Pourtant, l'équilibre entre la demande et l'offre constitue un problème majeur: la demande pour un journalisme de qualité existe, alors que l'offre reste minime", poursuit Mme Aydintasbas.
A cet égard, la journaliste attache beaucoup d'importance aux élections législatives qui se tiendront en Turquie le 7 juin prochain. Elle espère que les électeurs feront un choix réfléchi, qui changera la situation dans le pays pour le mieux, la Turquie étant une république parlementaire.
"Je pense que le Parti pour la justice et le développement (AKP) ainsi que le président Recep Tayyip Erdogan recevront un message de la part des électeurs, qui nous permettra de respirer un peu. Les médias ont besoin de liberté afin de bien fonctionner. Et aujourd'hui les libertés démocratiques en Turquie sont régulièrement bafouées", conclut Asli Aydintasbas.
Au total près de 14 journalistes ont été arrêtés, dont le directeur exécutif, les producteurs et le réalisateur de la chaîne Samanyolu TV. Ils étaient accusés de liens avec Fethullah Gülen, le prêcheur turc et inspirateur du mouvement Hizmet (« service »). Depuis la fin des années 1990, celui-ci vit aux Etats-Unis tout en conservant une certaine influence dans les organes de l'ordre et l'administration judiciaire turcs.
En 2013, M. Erdogan avait accusé M. Gülen d'avoir instrumentalisé un vaste scandale de corruption éclaboussant son entourage afin de manipuler les forces de l'ordre et la justice, dans le but de déclencher un coup d'Etat sur le modèle des révolutions de couleur. Des centaines de policiers, soupçonnés de loyauté envers Fethullah Gülen, avaient alors été licenciés.