Les expatriés français n’envisagent pas de quitter la Russie

© Sputnik . Kirill Kallinikov  / Accéder à la base multimédiaСергей Денисенко
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Malgré le refroidissement des relations russo-françaises sur le fond de la crise en Ukraine, les Français sont toujours intéressés par les opportunités en matière d'emploi en Russie.

Près de 70% de Français, installés à l'étranger, n'envisageraient pas leur retour en France dans les 5 ans à venir, rapportait en mars le baromètre Humanis-Lepetitjournal.com. Et malgré le refroidissement des relations avec la France sur le fond de la crise ukrainienne, les expatriés français qui vivent en Russie sont tout à fait dans cette tendance.

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«Malgré les nouvelles réalités économiques, liées au cours du rouble et au ralentissement de la consommation, les sociétés françaises n'envisagent pas de quitter le marché russe. Même les sociétés de luxe, comme Chanel, adaptent leur stratégies à la situation actuelle en Russie en baissant leurs prix», affirme dans un entretien à Sputnik Pavel Chinski, le directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe. «Et l'intérêt des Français pour la Russie ne cesse de croître. La preuve, entre juin 2013 et mai 2014 nous avons effectué la demande d'environ 150 certificats de spécialistes pour les Français, alors qu'à la fin de mars 2015 nous avons déjà dépassé le nombre de 150».

Les expatriés sous contrat local plus en difficulté à cause de la crise

On peut diviser les quelques 6000 Français installés en Russie en deux catégories distinctes: ceux qui se sont expatriés avec l'entreprise, dans laquelle ils travaillaient en France et ceux qui s'expatrient par eux-mêmes (les soi-disant self initiated expatriates). Ces derniers travaillent en Russie sous des contrats locaux et ont généralement des revenus en roubles. Les employés appartenant à la première catégorie n'ont pas vraiment ressenti les changements économiques qui se sont opérés depuis 6 derniers mois en Russie, car leur salaire, souvent en euros, et les garanties sociales, dont ils bénéficient, leur permettent toujours d'avoir un train de vie décent. Quant aux expatriés qui travaillent sous des contrats locaux, ils ont vu leur pouvoir d'achat baisser au cours de ces six derniers mois.

Le journaliste de Sputnik a pu rencontrer plusieurs Français travaillant dans les établissements universitaires russes et les agences de tourisme, qui ont pris la décision de quitter la Russie à cause de la baisse de leurs revenus réels en roubles. Toutefois au lieu de rentrer en France, plusieurs d'entre eux ont affirmé rechercher pour quelque temps des postes dans d'autres pays de la CEI, par exemple en Biélorusse, ou au Kazakhstan.

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« On n'a pas vraiment de chiffres, mais j'ai l'impression que le nombre de personnes en contrat local est à l'augmentation, car il est plus facile de s'expatrier dans ce cadre de dispositif », explique Jean-Luc Cerdin, expert des ressources humaines en expatriation et professeur à l'ESSEC Business School.

Selon Nicolas Ducret, le directeur adjoint de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe, le nombre d'expatriés français travaillant en Russie sous contrat local représenterait la moitié de toute la communauté française.

« Les Français viennent en Russie avec un intérêt réel d'y rester, notamment parce qu'ils y ont des liens sentimentaux», poursuit-il dans un commentaire accordé à Sputnik. « Mais si en effet leurs revenus ont baissé, et ils ne voient pas de possibilité de rester en Russie, les gens appartenant à cette catégorie partent. Ceci dit, certaines sociétés françaises ont commencé à limiter le nombre d'expatriés. Une fois leurs contrats terminés, les employés sont amenés à partir, parce que vu la conjoncture, ils commencent à coûter cher aux sociétés. Mais parmi les cas que je connais, les Français qui sont rentrés dans leur pays sont ceux qui désiraient vraiment rentrer».

Une baisse de turnover

Face à une situation économique qui reste incertaine, les membres d'une association d'expatriés français que Sputnik a pu rencontrer, ont en outre remarqué une baisse de turnover (rotation de l'emploi) sur le marché d'emploi russe d'environ de 30 à 35% par rapport aux années précédentes.

« On ressent ces derniers temps que les gens s'accrochent à l'emploi qu'ils ont en Russie, même s'il s'agit d'un contrat local», remarquent-t-elles, sous couvert d'anonymat.

Mais même vivant en Russie, les expatriés ne semblent pas pressés de rentrer en France.

« Généralement une fois qu'on a mis le pied dans l'expatriation, on enchaîne des contrats à l'étranger», expliquent les membres d'une autre association d'expatriés français de Moscou, qui ont également accepté de témoigner sous couvert d'anonymat. «L'expatrié, c'est un peu une extension d'une entreprise française, qui apporte son savoir-faire dans un pays étranger. Mais très souvent, au bout de quelques années, il déconnecte de la réalité française».

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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