Pourquoi Belleville de Paris est plus dangereux que l’Afghanistan

Pourquoi Belleville de Paris est plus dangereux que l’Afghanistan
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Entre Paris et Kaboul, 5.581 kilomètres. Et pourtant, à l’en croire la chaîne Fox News, l’atmosphère ressentie par Français et Afghans est quasiment la même dans les deux capitales « musulmanes ».

Au titre de rétrospective : il y a onze jours, le journaliste américain Nolan Petersen, prétendu spécialiste des zones de conflits et vétéran de guerre, a décrit l’islamisation de Paris. Selon lui, la capitale française serait parsemée de « no-go zones » où serait pratiquée la charia. Une vive réaction ne s’est pas fait attendre : la mairie de Paris a lancé une croisade judiciaire contre Fox News, la Don Quichotte en jupe Anne Hidalgo ayant porté plainte contre la télévision américaine.

Le scandale rappelle celui autour de la ville britannique Birmingham appelée « entièrement musulmane » par Fox News. Comme la dernière fois, la télévision a officiellement présenté ses excuses et parlé d’« erreurs regrettables ». Mais aujourd’hui, l’affaire est d’autant plus importante et médiatisée qu’elle intervient quelques dizaines de jours après le double attentat terroriste à Paris.

Une polémique acharnée a divisé l’Hexagone en deux. La moitié des Français ne peut pas se résigner avec la désinformation infâme de « Faux News » selon laquelle la capitale française fait penser à Kaboul, Bagdad ou le Cachemire. Notre expert François-Bernard Huyghe, chercheur à l’IRIS, appelle à ne pas faire d’un rien une montagne : « Il ne faut pas exagérer. Il y a une concentration de populations issues de l’immigration dans certains quartiers, comme la Goutte d’Or. J’ai un peu regardé les endroits qu’ils avaient indiqués sur la carte, je vous assure que je n’aurais pas d’hésitation à m’y promener. »Toujours d’après lui, « cette accusation de Fox News et le terrorisme n’ont pas de rapport particulier. Si vous prenez la résidence des trois terroristes, les frères Kouachi et Coulibaly, ils ne vivaient pas dans des espèces de ghetto, mais dans des quartiers tout à fait normaux où personne ne les remarquait. »

Les quartiers de Paris, sont-ils tous des « go-go zones » ? Rappelez-vous le discours de Manuel Valls. « Un apartheid territorial, social et ethnique s’est imposé à notre pays », a-t-il affirmé mardi. La gauche a beau s’excuser d’un mot malheureux du premier ministre, la chose est claire : certaines zones de Paris (et de la France en général) échappent à la culture nationale et aux institutions françaises. Sans dramatiser, dans certaines cités à Saint-Denis, policiers, pompiers et médecins sont interdits d’entrée. Des gens portant des T-shirts Ben Laden y brûlent moult voitures le 1ier janvier et le 14 juillet. Vendredi déjà, Manuel Valls a appelé jeunes Français à « s’habituer à vivre avec le terrorisme ».

Tout porte à croire que le parallèle entre France, Afghanistan, Irak et Inde n’est le fruit du hasard. Cette « bêtise » des Américains justifie l’éthique française sur la liberté d’expression de Charlie Hebdo, et la stupidité de certains politiques français justifie la leur. La différence entre les propos de Nolan Petersen et de Manuel Valls, c’est que le ministre français rejette la faute sur ses compatriotes ! Au moins que la maire de Paris Anne Hidalgo n’arrête de faire la guerre aux moulins à vent et ne pratique, par exemple, la « tolérance zéro », politiquement absolument incorrecte, de son ex-homologue newyorkais Rudolph Giuliani.

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