Merkel prête à défendre la Baltique et les Balkans contre Moscou

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L'hebdomadaire allemand Welt am Sonntag a publié hier une interview de la chancelière Angela Merkel, dont les propos sont repris dans la presse allemande sous les titres "Merkel met à jour la critique de Poutine" ou encore "Merkel accuse la Russie de déstabiliser l'Europe de l'est", écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

L'hebdomadaire allemand Welt am Sonntag a publié hier une interview de la chancelière Angela Merkel, dont les propos sont repris dans la presse allemande sous les titres "Merkel met à jour la critique de Poutine" ou encore "Merkel accuse la Russie de déstabiliser l'Europe de l'est", écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les journaux allemands soulignent que la chancelière a "réaffirmé son intention d'accorder un soutien militaire à la Lettonie et à la Lituanie, qui ressentent une menace émanant de la Russie".

Dans le texte de l'interview, la chancelière affirme que Moscou "n'hésite pas à bafouer l'intégrité territoriale des pays voisins". Selon Merkel "la Moldavie, la Géorgie et l'Ukraine, trois pays de notre voisinage oriental qui ont pris la décision souveraine de signer un accord d'association avec l'UE, subissent des problèmes à cause de la Russie". A titre d'exemple, elle affirme que la Moldavie "souffre du conflit autour de la Transnistrie", la Géorgie "des conflits gelés en Abkhazie et en Ossétie du Sud", et l'Ukraine "doit survivre à l'annexion de la Crimée et aux combats dans l'est du pays". Mais aux yeux de Merkel, cette liste est loin d'être exhaustive. "Nous voyons en outre que la Russie cherche à rendre les pays des Balkans plus dépendants d'elle économiquement et politiquement", déplore-t-elle.

Plus surprenant et choquant: la chancelière s'est dite prête à participer à un conflit armé avec la Russie.

La chancelière a affirmé qu'en cas de conflit armé entre la Russie, d'un côté, et l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie de l'autre, l'Otan accorderait aux pays baltes une assistance militaire, comme prévu par les engagements dans le cadre de l'Alliance. On peine à croire que Merkel ne soit pas consciente du résultat que cela entraînerait – une aventure désastreuse pour tous. Un jeu de scénarios militaires, même verbal, est dangereux.

Par sa dureté, son caractère sans appel, voire belliqueux, l'interview du Welt am Sonntag dépasse le récent discours de Merkel à Sydney, qui a été loué par les partisans de la politique antirusse. La chancelière fait encore concurrence à Obama dans la globalisation de la menace russe, l'identifiant même jusque dans les Balkans.

On s'interroge sur le but de la manœuvre. Plusieurs versions sont possibles. Par exemple, pour dissimuler l'absence de perspectives du pari des USA sur les sanctions et l'isolement de la Russie. Mais il existe également un aspect politique intérieur. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) souligne: "Merkel se défendait, dans l'interview, contre la critique de ses trois prédécesseurs – Helmut Schmidt, Helmut Kohl et Herhardt Schreder - qui s'étaient prononcés en faveur d'une prise en compte des intérêts de la Russie". La chancelière a tenté de justifier à nouveau les sanctions antirusses mais ses arguments sont de moins en moins entendus.

La société allemande est profondément préoccupée par la situation en Europe et, en grande partie, ne souhaite pas rompre les relations avec la Russie. Selon un récent sondage publié le 4 décembre, 40% des Allemands, contrairement à la position de la chancelière, considèrent que les sanctions sont complètement injustifiées et 66% sont persuadés que les mesures occidentales ne feront pas changer la position du Kremlin.

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