La guerre et la paix de Piotr Porochenko

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Aujourd'hui, le président Piotr Porochenko est l'un des rares hommes politiques ukrainiens à prôner la paix dans le pays. Il voudrait probablement entrer dans l'histoire comme "l'homme qui mit un terme à l'effusion de sang en Ukraine". Ce sera pourtant très difficile.

Aujourd'hui, le président Piotr Porochenko est l'un des rares hommes politiques ukrainiens à prôner la paix dans le pays. Il voudrait probablement entrer dans l'histoire comme "l'homme qui mit un terme à l'effusion de sang en Ukraine". Ce sera pourtant très difficile.

Un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès. Le président ukrainien Piotr Porochenko a revu sa position sur la situation dans le sud-est du pays. Et même si la trêve actuelle n'est peut-être que temporaire, Porochenko est en tout cas l'un des seuls hommes politiques ukrainiens à dire qu'il faut rétablir la paix en Ukraine.

Ces dix jours de trêve, après cinq mois de guerre, semblent déjà un exploit immense. Tout comme l'échange régulier de prisonniers entre l'armée ukrainienne et les forces d'autodéfense, les communications téléphoniques avec le président russe Vladimir Poutine et la perspective de négociations sur le statut des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk autoproclamées.

"Les Ukrainiens sont fatigués de la guerre. Porochenko aussi. D'autant que la poursuite des combats anéantirait le pays", souligne Vsevolod Vesselov, expert du centre d'information et d'analyse pour l'étude des processus sociopolitiques dans l'espace postsoviétique.

Et d'ajouter: "Porochenko a besoin de la paix aujourd'hui. Elle serait plus bénéfique que la poursuite du conflit. Il faut tenir compte du fait que l'armée ukrainienne a connu d'importants échecs dans le Donbass. Deuxièmement, en Ukraine monte une vague de colère contre la guerre et, avant tout, contre la mobilisation. Les capacités des bataillons de volontaires comme "Donbass", "Aïdar" et "Azov" sont assez limitées. Parce que manifester sur le Maïdan est une chose, mais prendre les armes en est une autre". "Comme les bataillons de volontaires ont subi les pertes les plus lourdes, Porochenko est contraint d'entamer les négociations de paix. D'autre part, la situation y tendait depuis longtemps. La question est seulement de savoir dans quelle mesure le président se tiendra à cette ligne à terme et cherchera des compromis. Car la pression que les radicaux ukrainiens exercent sur lui reste forte. Le danger d'un nouveau Maïdan contre Porochenko n'est pas non plus à écarter. Et il en est conscient", analyse Vsevolod Vesselov.

Les législatives prévues le 26 octobre sont un autre facteur important. Le bloc de Porochenko part favori et d'après les sondages, la société penche plutôt pour la paix que pour la guerre. Mais dans l'entourage de Porochenko, on trouve également de nombreux partisans de la reprise des opérations militaires. Le premier ministre Arseni Iatseniouk et le président du parlement Alexandre Tourtchinov insistent sur l'instauration de la loi martiale en Ukraine. Sans compter les nombreux conseillers occidentaux actuellement en oeuvre à Kiev. "Porochenko doit jouer sur deux fronts à la fois", explique le directeur de la succursale ukrainienne de l'Institut des pays de la CEI, Denis Denissov.

"Nous savons tous que Porochenko n'est pas complètement autonome, qu'il dépend de facteurs intérieurs – son entourage et les oligarques. Bien évidemment, il doit tenir compte de leur avis. Le parti de la guerre est très puissant actuellement mais il ne faut pas oublier que Porochenko est sensible à la critique et à la volonté des représentants américains. Il ne reste qu'à espérer que dans sa politique le président privilégiera les intérêts de l'Etat et du peuple. Or ces intérêts sont aujourd'hui dans l'arrêt de la guerre civile et la tentative d'établir des relations bilatérales avec la Russie".

Il est bien plus difficile de rétablir la paix que de déclencher une guerre. Et comme le conflit a commencé avant sa présidence, Porochenko pourrait vouloir entrer dans les annales comme "celui qui a stoppé l'effusion de sang en Ukraine". Il lui sera extrêmement difficile de le faire à court terme – mais reste à savoir si Porochenko est prêt à aller jusqu'au bout.

 

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