Le gouvernement ukrainien risque de s'effondrer

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En pleine opération militaire dans l'est du pays, la coalition majoritaire au parlement s'est dissoute et le premier ministre Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

En pleine opération militaire dans l'est du pays, la coalition majoritaire au parlement s'est dissoute et le premier ministre Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

La démission d'Arseni Iatseniouk, considéré comme un figurant clé du nouveau gouvernement de Kiev et qui bénéficie d'un soutien inconditionnel de l'Occident, a provoqué une crise politique gravissime. L'alliance qui commençait à se former ces dernières semaines entre le premier ministre et le président Piotr Porochenko a craqué.

Selon les experts ukrainiens interrogés, la démarche d'Iatseniouk signifierait qu'il passe dans l'opposition et fera partie des leaders du parti Patrie, opposé à Porochenko pendant la campagne électorale. Du point de vue des experts, le premier ministre a sapé l'unité du pays en divisant son gouvernement à un moment décisif, alors que des combats violents ont lieu dans l'est de l'Ukraine.

D'autres interlocuteurs de Kiev ont un avis diamétralement opposé. Ils estiment que ce sont les alliés récents de Porochenko - le parti Udar - qui lui ont nui en initiant la dissolution de la majorité parlementaire. Dans ces conditions, ils affirment que le premier ministre s'est retrouvé dans le même bateau que le chef de l'Etat. "Je ne serais pas étonné de voir Iatseniouk en tête de liste du parti Solidarité fondé par Piotr Porochenko. Et leur principal rival sera Vitali Klitchko d'Udar", a déclaré l'analyste ukrainien Dmitri Ponamartchouk.

Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission après l'échec des plans de réforme du système de transport de gaz ukrainien.

Sa décision a plongé l'élite politique ukrainienne en état de choc. Le président du parlement ukrainien Alexandre Tourtchinov a été l'un des premiers à réagir. Il a tenu les fractions Udar et Svoboda, qui ont quitté la coalition en la faisant s'effondrer, pour responsables de l'échec de l'adoption des lois nécessaires pour obtenir une nouvelle tranche d'aide du FMI. C'est à ces deux fractions qu'il a suggéré de trouver une candidature de premier ministre "technique".

Les experts de Kiev pensent que la décision de Iatseniouk pourrait contribuer à la hausse de sa popularité. "Arseni Iatseniouk a montré qu'il souhaitait poursuivre sa carrière politique et ne voulait pas jouer au kamikaze. Il ne peut pas diriger le gouvernement après la dissolution de la coalition, car de fait il est resté "sans volant, sans frein et sans carburant". Peu voudraient endosser la responsabilité de la guerre dans l'est et l'effondrement économique, qui est une évidence après l'annonce du ministère des Finances de l'absence de financement pour l'opération militaire", explique l'analyste ukrainien Konstantin Matvienko.

Lors de la session parlementaire, Iatseniouk a déclaré qu'il démissionnait "en raison de la dissolution de la coalition et du blocage des initiatives gouvernementales". Il a reconnu ne pas être satisfait par les résultats de son travail mais dit avoir "fait ce qu'il a pu" dans les circonstances actuelles. "Ce n'est pas le meilleur gouvernement de l'histoire du pays. Mais au moins ce gouvernement a fait de son mieux", a déclaré le premier ministre. On saura dans trois mois si les électeurs approuvent ses actions: selon les informations préalables les législatives anticipées devraient se dérouler le 26 octobre.

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