Kiev ferme le robinet d’eau à la Crimée

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L’Ukraine a fermé les écluses du canal de Crimée du Nord par lequel l’eau du fleuve Dniepr arrive normalement jusqu’à la péninsule de Crimée, écrit lundi le quotidien Novye Izvestia.

L’Ukraine a fermé les écluses du canal de Crimée du Nord par lequel l’eau du fleuve Dniepr arrive normalement jusqu’à la péninsule de Crimée, écrit lundi le quotidien Novye Izvestia.

L’agriculture de la région est menacée, les champs se dessèchent. Si la situation n’était pas normalisée, le préjudice total pourrait s’élever à 5 milliards de roubles, soit environ 100 millions d’euros. D’après les experts, en plus de la menace de couper l’électricité, Kiev détient donc un autre argument de poids pour exercer une pression sur la Russie afin de faire baisser le tarif du gaz russe.

Cette restriction d’approvisionnement en eau de la Crimée, imposée par Kiev, pourrait entraîner la perte de 120 000 hectares de récoltes, a déclaré le ministre russe de l’Agriculture Nikolaï Fedorov. La moitié des vignes de Crimée a besoin d’être irriguée, ainsi que les 30 000 ha de riz et une partie des jardins. « Cela provoquerait une situation d’urgence dans cette région et nous devons compenser les pertes, compenser les dépenses directes », a déclaré le ministre. Le préjudice total est estimé à 100 millions d’euros, si les approvisionnements en eau n’étaient pas rétablis.

Kiev estime que l’Ukraine n’a aucune raison d’approvisionner la Crimée en eau car aucun accord n’a été signé à ce sujet. Selon les autorités ukrainiennes, cette question doit être réglée au niveau des acteurs économiques, a déclaré en fin de semaine le vice-premier ministre ukrainien Vladimir Groïsman.

« Du point de vue de la Russie, la restriction des fournitures d’eau en Crimée par les autorités ukrainiennes va à l’encontre du droit international car Moscou ne reconnaît pas la légitimité du pouvoir actuel. Mais comme l’UE et les pays occidentaux ont reconnu les changements en Ukraine, les revendications de la Russie peuvent être portées uniquement devant la cour internationale, ce qui pourrait prendre des années. Seule une entente politique entre Moscou et Kiev pourrait accélérer le règlement du problème des approvisionnements en eau de la Crimée, mais les chances sont faibles », pense l’avocat Teïoub Charifov.

Plus tôt, Vitali Nakhloupine, chef de la commission économique du parlement de Crimée, avait déclaré que les autorités criméennes proposaient de payer l’eau du Dniepr à l’avance, mais Kiev avait sabordé les négociations et moins de 5% de l’eau nécessaire arrivait par le canal de Crimée du Nord. Selon lui, la Crimée a déjà envoyé cinq demandes aux autorités compétentes pour l’approvisionnement en eau de la péninsule, mais ces documents ont été retournés pour des motifs « fantaisistes ».

Au blocus de l’eau pourrait s’ajouter celui de l’électricité. Suite aux perturbations énergétiques en Crimée début avril les experts soulignent la dépendance totale de la péninsule envers l’Ukraine. A l’heure actuelle, la Crimée reçoit 80% de son électricité d’Ukraine. Kiev promet de poursuivre son approvisionnement mais seulement à condition d’augmenter les tarifs. Selon les estimations du gouvernement de Kiev, ce tarif pourrait être de plus de 200 dollars par MWh, soit le triple de l’Allemagne ou de la France. Selon les experts, le budget russe devrait débourser 2 milliards de roubles supplémentaires par an (40 millions d’euros) pour que la population criméenne ne subisse pas cette augmentation des tarifs.

« La coupure d’eau est une mesure inhumaine car le problème de l’eau en Crimée est très grave. Du point de vue de l’Ukraine, fournir de l’eau au tarif international et signer des accords avec la Crimée en tant que sujet de la Russie signifierait reconnaître le statut de la péninsule comme territoire russe. D’autre part, Kiev n’a aucune raison de poursuivre les livraisons d’eau en Crimée au tarif national. Etant donné que l’Ukraine dispose de leviers tels que la fourniture d’électricité et de produits alimentaires en Crimée, Moscou et Kiev devront très probablement trouver un compromis diplomatique sur les tarifs gaziers pour l’Ukraine », a déclaré Alexeï Arbatov, directeur du Centre de sécurité internationale.

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