Le Japon, appuyé par Washington, renforce son armée face à la Chine

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Le gouvernement japonais a approuvé la nouvelle Stratégie de sécurité nationale. Presque 70 ans après la Seconde guerre mondiale, Tokyo s'engage dans un pacifisme actif fondé sur les principes de la coopération internationale, écrit mercredi le quotidien Izvestia.

Le gouvernement japonais a approuvé la nouvelle Stratégie de sécurité nationale. Presque 70 ans après la Seconde guerre mondiale, Tokyo s'engage dans un pacifisme actif fondé sur les principes de la coopération internationale, écrit mercredi le quotidien Izvestia.

Le budget militaire augmentera de 5%, c'est-à-dire que 240 milliards de dollars seront alloués à la défense du pays entre 2014 et 2019. Cette somme permettra d'acheter trois drones, 28 bombardiers Stealth F-35, cinq sous-marins, deux destroyers équipés du système antimissile Aegis, ainsi que 52 navires de débarquement amphibies pour la Force d'autodéfense japonaise. Dans les années à venir il est également prévu d'augmenter les effectifs de l'armée japonaise de 5 000 personnes (ses unités de combat comptent aujourd'hui 154 000 hommes pour un total de 247 000 personnes).

"Le choix des armements révèle les tâches fixées à la Force d'autodéfense japonaise : les drones pour le renseignement, les bombardiers pour l'offensive et les navires amphibies pour faire débarquer les troupes sur des îles", explique l'expert militaire Dmitri Litovkine.

Conformément au nouveau programme de défense nationale, les amphibies sont destinés à protéger les îles japonaises éloignées du territoire du pays - avant tout les îles Senkaku (Diaoyu) en mer de Chine orientale, revendiquées par Pékin. La défense antimissile est destinée à détecter et à protéger le pays contre les missiles nord-coréens.

Le renforcement de l'armée entraînera une hausse des commandes militaires et contribuera au développement économique du pays, qui arrive difficilement à combattre sa dette profonde de 200% du PIB.

La Chine est préoccupée par cette situation et demande aux autorités japonaises de prouver leur engagement pour la paix, en paroles comme en actes. Dans la soirée du 17 décembre l'agence de presse centrale de Chine, Xinhua, a publié un article signalant la "renaissance du militarisme japonais" et a même inventé un slogan en jouant avec le nom du premier ministre japonais : "Oublie l'Abeéconomie, crains l'Abeguerre".

"Pékin tiendra compte des plans du Japon et ajustera ses propres projets en élaborant un nouveau matériel et en augmentant le nombre d'unités déjà existantes. Étant donné que la différence des potentiels économiques augmente constamment en faveur de Pékin, cela ne lui posera aucun problème", a déclaré Alexandre Lomanov de l'Institut de l'Extrême-Orient.

Il faut probablement s'attendre, dans les jours à venir, à un serment de colère nord-coréen adressé aux "marionnettes américaines de Tokyo", dès que la Corée du Nord aura commémoré la mort de Kim Jong-il, décédé le 17 décembre 2011.

L'indignation de Pékin ou de Pyongyang n'arrêteront pas Tokyo. Le premier ministre

Shinzo Abe doit gagner en popularité auprès de ses électeurs, sachant qu'il est arrivé au pouvoir en promettant de relancer l'économie et en adoptant une position ferme sur les litiges territoriaux, notamment concernant les îles Senkaku.

Il s'agit donc bien ici d'une réaction du Japon aux provocations incessantes de Pékin, qui a instauré récemment une zone de contrôle aérien traversant ces îles.

Le Japon peut difficilement concurrencer la Chine à lui seul : sa réaction est appuyée par Washington, qui appelle depuis des mois Pékin à éviter de faire des gestes brusques. Et cela ne concerne pas uniquement le Japon. En renforçant sa présence militaire à l'ouest du Pacifique l'Amérique cherche à équilibrer l'influence croissante de la Chine.

Dans la soirée du 17 décembre, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré à Manille que les litiges autour des territoires tels que Senkaku, les îles Paracels et Spratleys en mer de Chine méridionale revendiqués par la Chine, le Vietnam, les Philippines et d'autres pays, devaient être réglés de manière pacifique.

La veille, les USA ont alloué 32,5 millions de dollars aux pays d'Asie du Sud-Est, notamment au Vietnam, pour renforcer la sécurité maritime sur les territoires contestés. Pékin a immédiatement menacé d'instaurer une nouvelle zone de contrôle aérien en mer de Chine méridionale.

Selon Kerry, si Pékin prenait des mesures unilatérales, Washington ferait connaître sa position. L'influence des États-Unis doit être appuyée par un accord de partenariat Transatlantique en cours d'examen, dont l'Amérique est l'actrice principale. Ce partenariat devrait inclure la plupart des pays de la région à l'exception de la Chine, créant une zone de libre échange entre les pays membres et renforçant leurs liens mutuels.

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