Une étrange histoire du pédophile espagnol a indigné les Marocains

Une étrange histoire du pédophile espagnol a indigné les Marocains
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Le bouillonnement au Maroc est sa deuxième semaine. Des manifestations se déroulent dans de nombreuses villes du pays réclamant au roi Mohammed VI d’obtenir l’extradition au Maroc de l’Espagnol pédophile Daniel Galvan, condamné en 2011 pour ses crimes à 30 ans de prison, mais se trouvant actuellement en Espagne…

En dépit de toute sa banalité l’affaire de Galvan est assez étrange, - écrit notre observateur Igor Yazon. Selon certains politologues, dans le mécontentement de masse qu’elle a provoqué il y a des dessous politiques, menaçant la stabilité du pays. Mais commençons par Galvan lui-même. Son passé est opaque, écrivait le 6 août « El Pais » espagnol citant l’avocat de Galvan. Né en 1950 en Irak, il a fait son service militaire dans l’armée de ce pays, a obtenu grade d’officier, mais à la fois collaborait avec des services secrets étrangers, on ignore lesquels, espionnant Saddam Hussein. On ignore son vrai nom et prénom. Avant son service il s’est mariée à une Espagnole et a pris son nom Galvan et un nouveau prénom Daniel. Après le renversement de Saddam Hussein en 2003 Galvan s’est fait délivrer des papiers espagnols, dans lesquels il figurait comme un enseignant à la retraite à l’Université de Murcia en Espagne, ayant quitté l’Irak. Un homme à ce nom a en effet travaillé dans l’administration de cette Université à titre de stagiaire, et puis sur contrat de 1998 à 2002. Mais voilà encore un mystère – comment un homme au nom qui n’est pas du tout arabe ait pu être engagé dans l’armée irakienne et encore au grade d’officier. Après l’Irak Galvan a vécu en Egypte, Syrie, Jordanie, Grande-Bretagne. En 2005 il s’est installé au Maroc dans le bourg Kenitra au nord de Rabat. Il y a acheté deux maisons. Il s’est présenté aux voisins comme professeur et, pour établir avec eux des relations amicales, organisait des fêtes pour enfants de familles pauvres, en les invitant chez lui. Certains des enfants ont avoué à leurs parents ce que leur y faisait le «bon Européen ». Les rumeurs à ce sujet sont parvenues à la connaissance de l’avocat Khamid Kraiiri de l’Association marocaine des droits de l’homme. L’enquête a établi qu’au moins 11 garçons de 4 à 15 ans sont devenus victimes de Galvan. En septembre 2011 le pédophile a comparu devant la justice et a été condamné à 30 ans de réclusion, la peine la plus dure jamais infligé pour pédophilie au Maroc. Ayant purgé deux ans en prison, Galvan s’est trouvé d’une façon inattendue sur la liste de 48 citoyens espagnols détenus dans les prisons marocaines à gracier par le roi Mohammed VI. C’est d’ailleurs, le roi Juan Carlos d’Espagne, considéré comme un ami proche du monarque marocain, qui lui a demandé au cours de sa visite en juillet de gracier les compatriotes détenus dans les prisons marocaines. Selon l’ordonnance du monarque 18 personnes de cette liste devaient retrouver la liberté en Espagne. Les 30 qui restaient, principalement les trafiquants de la drogue, devaient, conformément à l’entente avec le gouvernement d’Espagne, purger leur peine dans les prisons espagnoles. Or une fois en Espagne toutes, y compris le pédophile Galvan, ont été remis en liberté. On ignore qui et pourquoi avait inclus dans cette liste Galvan, mais son nom est devenu connue des médias espagnols et puis marocains. On l’attribue à une bévue d’un fonctionnaire. Le roi Mohammed VI du Maroc n’a pas tardé à révoquer son acte par lequel il l’a graciéet a exigé des autorités espagnols d’arrêter Galvan et de l’extrader vers le Maroc. Après un jour en liberté Galvan a été arrêté à l’hôtel de la ville de Murcia et se trouve en détention provisoire quelque part dans le sud-est du pays en attente de la décision de son sort. Mais comme l’a expliqué au journal « El Pais » Laura Mayoral, la conseillère de l’office diplomatique informationnel auprès du MAE espagnol, « étant donné qu’il s’agit de la décision souveraine du chef d’un Etat étranger concernant les citoyens espagnols, la justice d’Espagne n’a aucune raison de les poursuivre ou de les arrêter ». « Leurs noms, comme le caractère de leurs actes, pour lesquels ils ont été condamnés, restent « confidentiel », a ajouté la diplomate. Et encore une chose – l’accord entre l’Espagne et le Maroc sur l’extradition prévoit qu’aucun des deux royaumes ne peut pas extrader ses sujets vers l’autre. Il faut dire qu’à l’issue de la rencontre des juristes des deux Etats mardi à Madrid à ce sujet, un fonctionnaire espagnol de haut rang a admis que Galvan pourrait finalement purger sa peine en Espagne. Cette déclaration n’a fait que de mettre de l’huile sur le feu de lla vague montante d’indignation dans la société marocaine, réclamant au roi de faire retourner l’Espagnol pédophile en prison marocaine. Le même jour de mardi plus de deux mille personnes ont descendu à nouveau dans les rues de Casablanca pour renouveler leur exigence. Des manifestations pareilles se sont déroulées et continuent à Rabat, Kenitra, Agadir, Tanger. « Cette affaire ne risque-t-elle pas d’aggraver les relations entre le Maroc et l’Espagne ? ». C’est par cette question que notre observateur a commencé son interview par téléphone avec la journaliste marocaine Badya Khalida…

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