Afghanistan : l'Otan profitera de l'expérience soviétique

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La direction de l'Otan a décidé de tenir compte de l'expérience de l'URSS pour le retrait de ses troupes d'Afghanistan, prévu pour 2014. En effet, les effectifs de l’alliance coïncident parfaitement avec ceux de l'armée soviétique en Afghanistan de 1988, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

La direction de l'Otan a décidé de tenir compte de l'expérience de l'URSS pour le retrait de ses troupes d'Afghanistan, prévu pour 2014. En effet, les effectifs de l’alliance coïncident parfaitement avec ceux de l'armée soviétique en Afghanistan de 1988, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

Plusieurs sources affirment que les représentants de l'Otan s'intéressent de près aux dossiers traitant du retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan, ce que confirme une source de l'état-major des forces armées russes. Selon elle, l'Otan a contacté fin mars le ministère russe de la Défense pour demander officieusement un accès aux informations sur le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan en 1989. L'alliance souhaiterait rencontrer les responsables de l'époque et analyser les documents du ministère de la Défense portant sur la période afghane. De plus, l'Otan voudrait comparer les capacités de mobilisation de l'URSS à la fin de la campagne afghane à ses possibilités actuelles afin d'avoir un tableau plus clair et comprendre où et à quel moment des erreurs ont été commises.

"Il n'y a aucune raison de décliner la requête de nos partenaires, déclare une source du ministère de la Défense. Si cette information s'avérait utile, cela permettrait de renforcer notre dialogue.

" La source rappelle également que la stabilisation de la situation en Afghanistan est une priorité non seulement pour l'Otan mais aussi pour la Russie et l'OTSC (Organisation du traité de sécurité collective).

Selon les sources russes proches du Conseil Otan-Russie, l'intérêt de l'alliance n'est pas ponctuel. L'Otan s'était déjà intéressée à l'expérience afghane de l'URSS : fin 2011, ce thème avait été soulevé lors d'un entretien entre le général Boris Gromov (vétéran de la guerre en Afghanistan et ex-ministre adjoint de la Défense), gouverneur de la région de Moscou de l'époque, et la délégation de l'alliance présidée par le chef de l'Otan en Europe, l'amiral James Stavridis.

Les représentants de l'Otan n'affichent pas officiellement leur intention de faire appel à l'expérience soviétique. Le général Knud Bartels, président du Comité militaire de l'OTAN qui s'est rendu à Moscou en décembre dernier, a déclaré publiquement que l'alliance n'avait pas utilisé l'expérience soviétique pour la planification du retrait des troupes d'Afghanistan.

Les sources russes expliquent que de toute évidence, l'Otan souhaite éviter qu'on associe sa campagne afghane actuelle à la présence des troupes soviétiques – une période qualifiée d'"occupation" en Occident. C'est probablement ce qui explique le caractère officieux de la demande de l’alliance.

Fin mars, la presse britannique avait publié des extraits du rapport "Les leçons du retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan", affirmant que l'Otan répétait les erreurs de l'URSS dans sa campagne afghane. Le document explique que chaque campagne a eu pour but d'imposer à l'Afghanistan une idéologie : communiste dans le cas soviétique et démocratique dans le cas de l'Otan. Selon les analystes britanniques, le gouvernement central était dans les deux cas soutenu par des forces extérieures, corrompu et impopulaire.

Les experts russes pensent que l'appel de l'Otan est tout à fait justifié. "C'est un axe très prometteur de coopération mais on ignore dans quelle mesure ce sera affiché, a déclaré Dmitri Danilov, chef du département de la sécurité européenne à l'Institut de l'Europe. L'expérience afghane de Moscou implique une grande base d'informations et une connaissance de la situation intérieure, y compris la disposition des forces et les relations interethniques. Beaucoup de choses ont changé depuis l'époque soviétique mais la continuité demeure et par conséquent, il ne faut pas sous-estimer cette expérience."

Des pourparlers à ce sujet pourraient se tenir pendant la conférence internationale pour la sécurité organisée par le ministère russe de la Défense, les 23 et 24 mai à Moscou.

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