Economie: les quatre "I" de Dmitri Medvedev

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

Le premier vice-premier ministre russe Dmitri Medvedev, principal candidat à la présidentielle, a fait le 15 février au forum économique de Krasnoïarsk un discours en forme de programme de développement du pays pour les quatre prochaines années. La principale thèse formulée par le "successeur" est que le passage à un modèle de développement de l'économie fondé sur l'innovation ne sera possible qu'en réduisant les impôts pesant sur l'activité économique.

Comme il ressort du discours de Dmitri Medvedev, s'il remporte l'élection présidentielle de début mars, il tentera d'atteindre les principaux objectifs économiques du pays en avançant sur 4 directions principales, à savoir les quatre "I": institutions (Etat et société civile, ndlr.), infrastructure, innovations et investissements.

Selon le premier vice-premier ministre, les principaux objectifs de la Russie au cours des quatre prochaines années seront les suivants:

- surmonter le "nihilisme" juridique,

- réduire radicalement les barrières administratives,

- réduire les impôts en vue de stimuler les innovations et les investissements privés dans le capital humain,

- établir un puissant système financier indépendant et faire du rouble une monnaie régionale de réserve,

- moderniser l'infrastructure,

- introduire des innovations,

- mettre en oeuvre un programme de développement social dans le pays.

Du point de vue économique, la proposition principale de Dmitri Medvedev est sans conteste la réduction des impôts en vue d'assurer un développement de l'économie fondé sur l'innovation (c'est-à-dire en introduisant des innovations scientifiques et techniques).

Si le nouveau président et le nouveau gouvernement y parviennent, il s'agira d'un tournant dans la politique économique des autorités russes, à savoir le passage d'une mentalité de financiers à une philosophie de croissance économique.

La politique de stabilisation financière appliquée ces dernières années grâce aux superprofits provenant des exportations de matières premières a déjà porté ses fruits: le pays s'est débarrassé du fardeau d'immenses dettes extérieures; un immense "coussin de sécurité" constitué des réserves de la Banque de Russie, du fonds de réserve et du fonds du bien-être national permet de "s'assurer" solidement contre les éventuels cataclysmes financiers mondiaux.

A présent, alors que ces problèmes sont réglés pour de nombreuses années, les économistes actuels du gouvernement ne peuvent rien proposer de nouveau. Ils ressassent toujours l'idée d'un "budget non fondé sur le pétrole". Conformément à ce concept, pratiquement toutes les dépenses courantes de l'Etat doivent être financées par les secteurs de l'économie hors matières premières, y compris par les petites et moyennes entreprises et par les revenus des personnes physiques. Cette politique ne peut qu'étouffer l'activité économique et les innovations. En outre, les revenus dont disposent les citoyens se réduiront à cause des augmentations d'impôts. Cette voie mène directement à la stagnation économique.

Dmitri Medvedev a énoncé l'idée libérale d'une croissance économique fondée sur des réductions d'impôts, idée qui était dans l'air depuis longtemps déjà. Dans ce cas, le monde des affaires pourra lui-même accroître les investissements dans la modernisation de la production, ce qu'il fait d'ailleurs déjà, malgré tous les obstacles. Dans ce cas, les pétrodollars ne seront plus nécessairement investis dans les toujours plus nombreux fonds et sociétés publiques d'investissement, ou encore corporations publiques où ils peuvent disparaître de manière incontrôlée en ne faisant qu'accroître l'inflation.

Au forum de Krasnoïarsk, le candidat numéro un à la présidence russe s'est montré très libéral à l'égard de la politique fiscale: "L'Etat doit percevoir suffisamment d'impôts, premièrement, pour être en mesure d'assurer ses fonctions nécessaires à l'existence même de la société, deuxièmement, pour que le monde russe des affaires ne fuie pas dans d'autres pays, pour éviter la ruine de l'économie".

Dmitri Medvedev a proposé d'adopter "dans les plus brefs délais" une loi sur les délais de passage à la réduction identique de la TVA (taxe à la valeur ajoutée). Autrement dit, il a confirmé une fois de plus l'intention annoncée le 8 février par Vladimir Poutine au Conseil d'Etat d'introduire "une TVA unique et la plus basse possible". Bien plus, le "successeur" a même proposé d'envisager l'annulation pure et simple de la TVA. "Parallèlement, on peut analyser d'autres mesures: remplacer la TVA par un impôt sur les ventes", a-t-il déclaré.

En ce qui concerne l'impôt sur les bénéfices, Dmitri Medvedev juge nécessaire d'introduire des mécanismes destinés à stimuler de façon complémentaire les dépenses en recherche-développement, autrement dit, les innovations.

Rappelons que le gouvernement examine depuis plusieurs années sans aucun succès l'idée d'une réduction des impôts. Il s'agit, pour l'essentiel, de la TVA, car cette taxe augmente le coût des produits finis et pèse aussi bien sur le producteur que sur le consommateur. La TVA actuelle se situe à 18%, mais un groupe de produits ayant une importance sur le plan social bénéficie d'un taux privilégié de 10%.

Il y a deux ans, l'appareil de l'ex-premier ministre Mikhaïl Fradkov avait proposé de réduire radicalement la TVA, jusqu'à 13%. Mais le ministre des Finances Alexeï Koudrine et l'ancien ministre du Développement économique Guerman Gref avaient bloqué cette proposition. Ce dernier n'est plus, depuis peu, au gouvernement, mais Alexeï Koudrine continue seul d'insister sur le maintien du taux actuel.

Depuis l'intervention de Dmitri Medvedev à Krasnoïarsk, Koudrine se fait, il est vrai, moins catégorique sur ce point, affirmant qu'il faut réduire les impôts, mais "avec prudence, pas à pas".

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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