Revue de la presse russe du 3 mai

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MOSCOU, RIA Novosti

Izvestia

Les pétrodollars n'empêchent pas la démocratie d'avancer en Russie

Dans la campagne générale de dénigrement de la Russie qu'ils ont déployée, les médias libéraux occidentaux et russes ressassent le thème de l'inadéquation de la politique économique russe, où la croissance du PIB ne serait assurée que par le secteur pétrogazier, toutes les autres branches, surtout les hautes technologies, étant prétendument sous-développées. Ce qui permet souvent de tirer des conclusions de longue portée: comme tous les autres pays où la prospérité est assurée grâce aux revenus faramineux procurés par les produits énergétiques et autres matières premières, la Russie n'est pas une démocratie et elle ne saurait le devenir. Un complexe d'infériorité prend même corps sur ce terrain chez nous. Mais les choses sont-elles aussi claires que cela?

Ici la thèse de départ est fausse dans une bonne mesure. Dans la structure globale du PIB la part du secteur pétrogazier n'est pas aussi importante que beaucoup ne le pensent, et elle est même en régression. D'après les prévisions du ministère des Finances, qui ont servi de base pour la préparation du budget pour les trois années à venir, elle tombera de 18,9% du PIB en 2007 à 14,9% en 2010. Parmi les branches de l'économie affichant les taux de croissance les plus élevés, nous remarquons le commerce, le bâtiment, les télécommunications, le secteur bancaire et même l'agriculture alors que le secteur énergétique est absent. Dans les 7% de croissance du PIB enregistrés l'année dernière, le gaz et le pétrole ne représentaient que moins de 1%. Les principaux économistes et investisseurs occidentaux relèvent qu'en Russie la croissance est surtout assurée par la demande de consommation.

Mais même en supposant que la Fédération de Russie soit vouée à rester irrémédiablement un pays de matières premières, faut-il manifester pour autant de la sinistrose? Dans le monde beaucoup de pays fort honorables tirent la plus grande partie de leurs rentrées de devises des exportations de matières premières et de produits énergétiques et qui ne sont absolument pas complexés. Prenons ne serait-ce que le Canada, l'Australie et la Norvège. Les Espagnols, dont l'existence est assurée par le poisson, ou les Danois, représentants d'un pays agricole par excellence, n'éprouvent aucun complexe.

Ce qui importe, ce n'est pas l'origine des revenus essentiels, c'est leur répartition dans les autres domaines et l'efficacité avec laquelle ils sont utilisés pour le bien-être des gens.

A propos, les pays susmentionnés réfutent la thèse de l'impossibilité de développer la démocratie dans les pays dont l'économie repose sur les matières premières, tout comme de l'interdépendance entre les prix du pétrole et la maturité des institutions démocratiques. Les Etats-Unis eux aussi sont l'un des plus grands producteurs de brut au monde, il y a quelques décennies encore la part de ce secteur dans la structure de l'économie américaine ne se distinguait en rien de celle de ce même secteur dans l'économie russe actuelle. Et si toutes les organisations de défense des droits de l'homme montrent du doigt les problèmes de la démocratie américaine, elles ne les imputent pas à la hausse des prix du pétrole.

Auteur: Viatcheslav Nikonov, président de la fondation "Politika"

Kommersant

Le Japon risque d'arriver en retard sur le marché russe

Le meilleur moyen de résoudre le litige territorial russo-japonais consiste à étendre le champ de coopération à un maximum de domaines. Force est de reconnaître, cependant, que les échanges bilatéraux n'ont pas encore atteint un niveau susceptible d'atténuer l'acuité du dossier.

Pour le Japon, le litige territorial est d'autant plus prioritaire que la deuxième économie du monde, qui ne doit son essor de l'après-guerre qu'à elle-même, perçoit la Russie de manière parfois très simpliste. Lors de la dernière visite de Mikhaïl Fradkov au Japon, un représentant du patronat japonais a remercié le premier ministre russe "pour le pétrole brut". Aux yeux des Japonais, la Russie est avant tout un fournisseur d'hydrocarbures. Notre objectif à nous est de démontrer que la Russie d'aujourd'hui est un partenaire fiable dans un vaste éventail de domaines.

On nous oblige sans cesse à nous justifier: sur le litige territorial qui demeure en suspens, les "contraintes" subies par les milieux d'affaires japonais en Russie, mais aussi la mise au pas de la presse, l'insuffisance de la liberté d'expression et, plus généralement, l'insuffisance de la démocratie. On nous perçoit comme des mauvais élèves qui n'arrivent pas à assimiler le modèle économique et social du marché. Si cette attitude à l'égard de la Russie se maintient, si on continue d'imposer les dogmes d'un monde unipolaire et l'idée consistant à évincer la Russie du système international de la répartition du travail et à la classer parmi les ennemis potentiels, comment peut-on parler des relations civilisées entre les Etats au XXIe siècle?

Aujourd'hui, pour reprendre les propos de Mikhaïl Fradkov, le risque n'est pas d'arriver en Russie, mais d'y arriver en retard. Il y a encore cinq ou sept ans, la Russie restait en attente d'investissements japonais; à présent, en réalisant de gigantesques projets d'infrastructures, elle peut compter sur ses propres ressources financières. Si les Japonais tardent à établir avec nous une coopération tous azimuts, les investissements arriveront dans tous les cas, mais en provenance d'autres pays, y compris de pays d'Asie-Pacifique.

Auteur: Dmitri Mezentsev, vice-président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) et co-président du Forum russo-japonais.

Vedomosti

PSA cherche un terrain pour son usine en Russie

Le constructeur automobile français PSA Peugeot-Citroën pourrait renoncer à l'idée de construire une usine à Saint-Pétersbourg ou dans la région de Leningrad. Les fonctionnaires de la région de Saratov et du Tatarstan conseillent aux managers du numéro deux européen de l'automobile d'installer leur entreprise sur leurs territoires.

Le groupe français est en discussion depuis près d'un an avec le ministère russe du Développement économique et du Commerce sur les détails d'un accord d'investissement portant sur la construction de son usine en Russie. Ivan Prostakov, chef de la représentation commerciale de la Russie en France, qui a participé aux négociations, a fait savoir que PSA devait choisir un terrain et prendre une décision définitive sur la construction de l'usine l'été prochain. Selon lui, le groupe a d'ores et déjà décidé qu'il s'agirait d'une construction "à partir de zéro". Il a confirmé que le rendement de l'usine serait de 75.000 automobiles par an.

Les Français ont cherché dans un premier temps pour leur usine un terrain dans les environs de Saint-Pétersbourg. Mais les fonctionnaires de la mairie pétersbourgeoise et de la région de Leningrad affirment ne mener aucune négociation avec PSA. En revanche, le ministère du Développement économique et du Commerce de la région de Saratov a annoncé mercredi qu'il négociait avec le constructeur automobile français sur la construction éventuelle dans la région d'une usine qui produirait 75.000 automobiles par an.

Le Tatarstan veut également attirer PSA. Le premier ministre de la république Roustam Minnikhanov a déclaré que son gouvernement était en pourparlers avec le constructeur automobile européen sur l'installation d'une usine. M. Minnikhanov n'a pas révélé le nom du constructeur, mais une source proche du gouvernement russe a confié au quotidien Vedomosti qu'il s'agissait bien de PSA Peugeot-Citroën.

Selon Igor Korovkine, directeur exécutif de l'Association des constructeurs automobiles de Russie, PSA aurait pu être intimidé par les grèves à l'usine Ford dans la région de Leningrad. Par ailleurs, la main-d'oeuvre à Saint-Pétersbourg coûte bien plus cher que dans d'autres régions de Russie.

PSA n'a pas révélé le montant des investissements prévus dans le projet. Selon les estimations d'Ivan Bontchev, expert de la compagnie Ernst & Young spécialisé dans l'industrie automobile, la construction de l'usine reviendra au groupe à environ 300 millions de dollars. Selon Igor Korovkine, le projet pourrait coûter à PSA près de 200 millions de dollars.

Gazeta

AiRUnion, un nouvel acteur dans le ciel russe

Le président russe Vladimir Poutine a signé mercredi dernier un décret créant une nouvelle compagnie aérienne, AiRUnion, dont l'Etat détiendra au moins 45% du capital social. Il a accordé un délai de six mois pour achever les formalités juridiques et définir la composition et les parts des actionnaires. La nouvelle compagnie unifiée pourrait se hisser au deuxième rang national par le volume des transports aériens, après Aeroflot.

L'Etat apportera dans le capital de l'alliance 51% de KrasAir, 50% de Domodedovo Airlines et 46,5% de Samara. Les actionnaires privés, eux, apporteront 49% de KrasAir, 49,7% de Domodedovo Airlines, 53,5% de Samara, 100% d'Omskavia et 100% de Sibaviatrans, sans oublier les 100% d'AiRUnion-RRJ, une société conçue spécialement pour acheter les avions SSJ et dont le capital social s'élève à plus de 20 millions de dollars.

Les autorités russes semblent avoir apprécié la loyauté dont Boris Abramovitch, copropriétaire et directeur général de KrasAir, a fait preuve l'année dernière en signant un contrat sur l'acquisition de 15 avions régionaux Sukhoi SuperJet-100 (SSJ), encore en conception, pour un montant de 400 millions de dollars, et en contractant une option d'achat de 15 autres appareils du même type. Grâce à de bonnes relations avec le ministère russe du Développement économique et du Commerce et l'administration du président, M. Abramovitch a réussi tous ses grands projets ces dernières années, que ce soit la mise en place d'AiRUnion, le rachat de la compagnie aérienne hongroise Malev ou la création de la compagnie low cost Sky Express qui a immédiatement été autorisée à desservir les destinations les plus prisées.

Cette fusion d'actifs aériens publics et privés doit visiblement renverser la donne dans l'aviation civile russe. L'an dernier, les compagnies faisant partie de la nouvelle alliance ont transporté 4,9 millions de passagers, soit autant que le deuxième transporteur aérien russe S7. Toutefois, rien ne semble menacer le leadership d'Aeroflot: en 2006, la compagnie publique a transporté plus de 7 millions de passagers.

Dans le même temps, les compagnies de Boris Abramovitch affichent une croissance plus dynamique qu'Aeroflot. Les recettes des membres d'AiRUnion ont progressé l'an dernier de 24% en moyenne, et celles d'Aeroflot de 13,53%.

Dans tous les cas, l'Etat tirera profit de cette nouveauté. Déjà propriétaire du principal transporteur aérien, il y a ajouté presque la moitié de la nouvelle alliance qui, à l'avenir, pourrait occuper le deuxième rang au classement des compagnies aériennes russes, ce qui permettra de consolider dans le giron public entre 30% et 35% du marché russe des transports aériens.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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